Les
normes sociales dans ‘’Dom Juan‘’, de Molière :
Représenté
pour la première fois en Mars 1665, la comédie de Molière «Don
Juan ou le festin de pierre» est une pièce
de théâtre en cinq actes, qui retrace les dernières heures de Don
Juan Tenorio (personnage fictif) , un libertin ayant vécu au XVIIème
siècle, s’opposant au contraintes et aux règles sociales, morales
et religieuses, ayant au passage, la réputation de « coureur
de jupon », de défier l’autorité de Dieu et d'éternel
séducteur.
De ce fait,
dans cet œuvre, il est question de transgression et de remise en
question des différentes normes sociales en vigueur à l’époque,
faites par Don Juan ; ainsi ces dernières seront dans un
premier temps définis puis analysés ci-dessous :
Avant toute
chose, qu’est ce qu’une norme sociale ?
La norme
sociale est l’ensemble des règles de conduite qu’il convient de
suivre au sein d’un groupe social, d’une communauté ethnique ou
d’une société. Elle peut être formelle et écrite (lois,
règlements) ou bien informelle et a pour but de garantir le bien
vivre ensemble et la survie du groupe. Souvent inscrites dans
l’inconscient collectif et implicites, les normes sociales
informelles trouvent leurs origines dans les traditions, dans la
morale mais aussi dans les habitudes. Elles sont la déclinaison des
valeurs primordiales du groupe et régissent les comportements de
l’individu, ce que l’on attend de lui dans telle ou telle
situation, ce qu’il est permis ou interdit de faire
De ce fais,
on peux voir que Dom Juan déroge à ces règles, ne suit que sa
propre volonté et désirs, excluant toute considération moral,
norme sociale, religieuse, de classe, familiale ou encore
comportementale tout au long de la pièce.
Commençons
ainsi par le non respect des normes religieuses :
En s’étant
taillé la réputation de ne guère se soucier des réels sentiments
d’amours que peuvent éprouver ses différentes «conquêtes», Dom
Juan est au contraire réputé d’enchaîner les aventures avec
différentes femmes, peu importe leurs rangs sociales ou place dans
la société. Par exemple Sganarelle, son valet, faire preuve
d’amplification de cet aspect quasi ridicule à plusieurs
reprises : « il aurait encore épousé toi, son chien et
son chat […] » ( Acte 1). Il use ainsi de bon nombre de
stratagèmes pour arriver à ses fin, promettant au passage, le
mariage en norme, à beaucoup de femmes pour assouvir ses désirs
charnelles : exemple : « c’est un épouseur à
toute main ». Au passage, Dom Juan ne tiens pas compte des
normes religieuses : en effet, dans la religion chrétienne (
croyance dominante à l’époque de cette société) le mariage est
une étape importante dans la vie d’un homme, elle lui permet
nombreux avantages mais légitime aussi la fondation d’une famille,
chose dont Dom Juan semble n’y accorder guère d’importance (mais
aussi les sacrements ou plus malheureux encore, les enterrements).
Le
non respect des normes familiales :
Dans ce cas
de figure, Dom Juan ne manque pas d’occasions de contredire, de
manquer de respect ou encore de ne pas écouter son père, Don Louis,
venant lui faire la moral à plusieurs reprises dans l’espoir de
raisonner ce dernier, qui s’entête dans l’indifférence la plus
totale. Par exemple, dans le scène où son père venant lui faire la
moral à son fils, Dom Juan balaya d’un revers de main ses propos
et l’invita plus tôt à s’assoir. Il ne cache donc pas son
mépris par une courte réplique, sous forme d’insolence extrême.
D’ailleurs, une fois que son père eu quitté la pièce, Dom Juan
ne s’empêcha pas de lâcher « Eh mourrez le plutôt que
vous le pouvez, c’est le mieux que vous puissiez faire ! »,
phrase qui témoigne de la méprise, presque haineuse qu’il éprouve
envers son père, et dépourvu de toute marque d’affection ou de
respect.
Le
non respect des normes comportementales :
Dom Juan
fait preuve à de multiples reprises de son ingratitude à l’égard
des personnes envers qui, il est redevable : Dom Pierrot pour
commencer, lui à sauver la vie mais ne le remercie à aucun moment,
et projette même lui voler son épouse avant de le battre. De ce
fait il apparaît comme un réel « électron libre » au
sein de l’ordre des nobles, en outre passant toutes les règles et
morales de bonnes conduites propres aux nobles : comme le
débattent Dom Alonse et Dom Carlos dans l’acte III (scène 4),
concernant le fait de remercier ou pas un homme qui vous a sauvé la
vie mais vous à aussi fait une grave offense (scène durant laquelle
Dom Juan ne plaça pas une seul mot, comme « extérieur »
aux propos ou valeurs débattus dans cette conversation, il ne dis
finalement à la fin de la scène que « je ne rien exigé de
vous, et vous tiendrai ce que j’ai promis. » comme pour montrer
qu’il n’a pas peur de se battre, et que les bonnes manières ne
sont que futilités dans ce cas.)
La noblesse
ainsi représenté par ces personnages (Dom Elvire, Louis, et Juan
lui-même) est caractérisé dans l’idéal par des valeurs morals
tel que le sens de l’honneur, l’honnêteté, la bravoure, le
respect de la parole donné, le respect des femmes et de la religion…
mais est constamment mise en danger (et remise en question) par Dom
Juan, et ce fait est facilement illustré pas des exemples de
situation très concrètes :
- Il refuse la charité à un pauvre (scène de l’ermite : personne qui se consacre à l’adoration de dieu, parfois de médiation).
Il
s'agit dans ce cas présent d'une forme de lutte morale : Dom
Juan peut ainsi transgresser les valeurs sacrées, pour autant qu’il
en à envie, mais il ne peut entraîner quiconque ayant de puissantes
convictions morales comme Donne Elvire ou le Pauvre. Seul Sganarelle
ou les paysannes, qui n'ont aucune conviction solide, se laissent
appâter.
- Il ne respecte ni les mariages ni les sacrements ni les défunts.
- Il ne respecte pas la parole donné à Mr.Dimanche à qui il doit de l’argent ( mais aussi avec Dom Elvire)
- Il ne respecte évidemment pas les femmes en les trompant, manipulant, et en leur mentant à de multiples reprises et ce à des fins personnes (désirs charnelles) ; d’autres part en portant secours Dom Carlos, il déclare que ses adversaires privilégiés ne sont pas des hommes armés mais bien des femmes.
De
ce fait, Dom Juan ne s’arrête pas là : la hiérarchie
sociale est elle aussi bafoué par celui-ci à plusieurs reprises
dans la pièce où il déroge complètement aux convenances sociales
et n’agit pas avec les autres en tant que noble. On peux très
distinctement le voire dans une sorte de panorama sociale, où Dom
Juan est exposé tout au long de la pièce à différente couche de
la population (bourgeois, nobles, paysans…) où parfois il est mis
en difficulté de part son caractère, face à ce qui semble être un
affrontement de classe, mais qui est atténué de part la situation
grotesque/comique des différentes scènes. Comme la scène avec les
paysans : Dom Juan joue de son statut social de noble (appelé
« Monsieur ») pour faire joué un rapport de force face à
ces paysans. Autre exemple avec les bourgeois représentés par le
marchand, Mr. Dimanche : ici son mépris est dissimulé par une
certaine familiarité presque offensante. Ainsi Dom Juan, par son
refus de toutes les règles de bienséance sociale, met en danger
l'ordre social tout entier, dont il révèle l'hypocrisie et
l'insupportable brutalité ; en faisant donc voler en éclats
les apparences, il représente un danger pour sa propre classe. Plus
complexe encore, les rapports avec son valets sont très flous :
ce dernier, Sganarelle, agis le plus souvent comme son maître même
s’il le condamne à de multiples reprises (exemple Acte II, scène
4). En réalité, en y prêtant attention, le valet est non seulement
soumis de part les actes qu’il fais, qui lui sont dictés par son
maître peu scrupuleux (comme envoyé répondre à la statue) et
subit de ce fait ce rapport de force, mais montre aussi une certaine
hypocrisie l’égard des autres en compagnie de son maître, allant
parfois jusqu’à s’identifier à celui-ci en parlant à la
première personne du pluriel « nous » de manière
méprisante (exemple la scène avec Mr. Dimanche « de quoi
s'avise t-il de venir Nous demander de l’argent ? ».
En
conclusion, Dom Juan ne profite finalement de cet aspect
d’«hypocrite»
simplement pour arriver à ses fins et assouvir ses désirs. Avant
donc d’être un coureur de jupons, il est un contestataire: il
prend plaisir à montrer qu’il dédaigne des valeurs conservatrices
: le père, la société et ses préjugés, la religion... En
refusant ainsi tous les codes sociaux, Don Juan se retrouve par
ailleurs dans une extrême solitude.
Tarek
Amiri.
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