Voici ce qu'écrit Platon (428-348 av. J-C) à propos des poètes dans l'Apologie de Socrate :
« … J’allai
aux poètes, tant à ceux qui font des tragédies qu’aux poètes
dithyrambiques et autres, ne doutant point que je ne me prisse là en
flagrant délit, en me trouvant beaucoup plus ignorant qu’eux. Là,
prenant ceux de leurs ouvrages qui me paraissaient les plus travaillés,
je leur demandais ce qu’ils voulaient dire et quel était leur dessein,
comme pour m’instruire moi-même. J’ai honte, Athéniens, de vous dire la
vérité, mais il faut pourtant vous la dire : il n’y avait pas un seul
des hommes qui étaient là présents qui ne fût plus capable de parler et
de rendre raison de leurs poèmes qu’eux-mêmes qui les avaient faits. Je
connus tout de suite que les poètes ne sont point guidés par la sagesse,
mais par certains mouvements de la nature et par un enthousiasme
semblable à celui des prophètes et des devins, qui disent de fort belles
choses sans rien comprendre à ce qu’ils disent. Les poètes me parurent
dans le même cas et je m’aperçus en même temps qu’à cause de leur
faculté poétique, ils se croyaient les plus sages des hommes dans toutes
les autres choses, bien qu’ils n’y entendissent rien. »
L'enthousiasme dont parle Platon est une possession. Le poète est habité par le dieu. C'est ce qu'on appelle l'inspiration. Platon considère le poète comme une sorte de medium qui transmet une inspiration divine sans pouvoir l'expliquer. Il est comme un porteur de message qui ne comprendrait pas le message qu'il délivre.
Cette conception de l'inspiration ne laisse guère de chance de succès à la "quête du sens" dont parle le programme de l'EAF. On peut la rapprocher de l'expérience surréaliste de l'écriture automatique. A cette conception s'oppose la vision de poètes comme Edgar Poe ou Paul Valéry. Vous pouvez voir dans "Genèse d'un poème" de Poe que le poème fameux "The Raven" n'est pas, selon lui, le fruit de l'inspiration, mais de la volonté et du travail. De même, Valéry écrit dans Variété (1924) : "L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain." Il ajoute : "Les dieux, gracieusement, nous donnent pour rien tel premier vers; mais c'est à nous de façonner le second, qui doit consonner avec l'autre, et ne pas être indigne de son aîné surnaturel. Ce n'est pas trop de toutes les ressources de l'expérience et de l'esprit pour le rendre comparable au vers qui fut un don."
L'enthousiasme dont parle Platon est une possession. Le poète est habité par le dieu. C'est ce qu'on appelle l'inspiration. Platon considère le poète comme une sorte de medium qui transmet une inspiration divine sans pouvoir l'expliquer. Il est comme un porteur de message qui ne comprendrait pas le message qu'il délivre.
Cette conception de l'inspiration ne laisse guère de chance de succès à la "quête du sens" dont parle le programme de l'EAF. On peut la rapprocher de l'expérience surréaliste de l'écriture automatique. A cette conception s'oppose la vision de poètes comme Edgar Poe ou Paul Valéry. Vous pouvez voir dans "Genèse d'un poème" de Poe que le poème fameux "The Raven" n'est pas, selon lui, le fruit de l'inspiration, mais de la volonté et du travail. De même, Valéry écrit dans Variété (1924) : "L'enthousiasme n'est pas un état d'âme d'écrivain." Il ajoute : "Les dieux, gracieusement, nous donnent pour rien tel premier vers; mais c'est à nous de façonner le second, qui doit consonner avec l'autre, et ne pas être indigne de son aîné surnaturel. Ce n'est pas trop de toutes les ressources de l'expérience et de l'esprit pour le rendre comparable au vers qui fut un don."
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