Argumentation sur
l’égalité (Locke, Rousseau, Baudelaire) :
1) Argumentation de Locke :
Tous les hommes sont
naturellement égaux.
Donc ils ont les mêmes
propriétés ou les mêmes droits (un droit est une permission naturelle, un
caractère qui est commun à toute l’espèce).
Or la liberté est une
propriété ou un droit.
Donc tous les hommes sont
libres.
La liberté est-elle le
droit de tout faire ?
Si chaque homme a le
droit de tout faire alors il a le droit d’interdire aux autres de tout faire.
En ce cas, chaque homme a
le droit d’être le seul à être libre et chaque homme accepte que tous les
autres le privent de sa liberté. C’est absurde car un droit est propre à toute
l’espèce donc un seul homme ne peut le posséder. Cela reviendrait à admettre
qu’un seul homme peut représenter l’humanité et que chacun peut décider qui est
humain ou ne l’est pas.
Donc la liberté n’est pas
le droit de tout faire (licence).
S’il n’y avait pas
d’égalité entre les hommes, alors il n’y aurait pas de droit. Il n’y aurait
donc pas de liberté. Sans égalité, ce serait la chance ou le hasard et non la
justice qui décideraient du pouvoir de chacun. Il n’y aurait pas de liberté
mais seulement une licence, c’est-à-dire un pouvoir dépendant de la chance. La
liberté appartient à chaque homme, tandis que la licence peut être perdue à
tout moment si les circonstances s’y opposent.
En conclusion, il n’y a
de droit que dans la nature de l’homme et donc les hommes sont égaux en droit
et la liberté est l’ensemble des droits de chacun.
Un
droit naturel est une permission inaliénable sans laquelle on ne serait pas
homme. Donc les hommes ont les mêmes droits naturels. Donc ils sont égaux.
Donc, puisque la liberté est l’ensemble des droits, ils sont tous libres.
2) Rousseau :
Proposition p : L’agriculture existe.
Proposition q : La propriété existe.
Implication :
Si l’agriculture existe
alors la propriété existe.
Si p alors q.
p
est la condition suffisante :
Il suffit que p soit vrai
(que l’agriculture existe) pour que q
soit vrai (la propriété existe).
q
est la condition nécessaire :
Il est nécessaire que la propriété existe si
l’agriculture existe.
Les
hommes sont devenus inégaux parce qu’ils avaient des capacités différentes et
que les circonstances (notamment économiques) ont valorisé certaines capacités.
Cette inégalité est due à la chance, au hasard. Si l’on fait abstraction de la
chance, il reste que les hommes sont naturellement égaux.
3) Baudelaire :
Un
homme est égal aux autres s’il le prouve. L’égalité naturelle doit être
défendue par chaque homme sans quoi elle risque de ne pas être respectée. Il
faut inciter chacun à prendre conscience de ses droits afin d’instaurer une
égalité sociale.
Synthèse :
Dire
« les hommes sont égaux », c’est comme affirmer « les triangles
sont égaux ». Or tous les triangles ne le sont pas : il y en a des
isocèles, des rectangles, des grands, des petits, etc. Ce qu’on veut dire,
c’est que toutes les figures appelées « triangle » présentent une égalité
sur deux points : la somme de leurs angles et le nombre de leurs côtés. De
même, les hommes présentent une égalité sur quelques points : ils ont les
mêmes droits, celui de vivre en sécurité, d’être libres et propriétaires. C’est
la volonté de Dieu (pour ceux qui croient, comme Locke) et leur finalité (ils
sont faits pour cela). Ils sont faits pour cela parce qu’ils ont tous une
raison qui leur permet d’être libres (de choisir le vrai et le bien), qui
justifie la propriété par le travail et justifie la vie de chaque homme. L’égalité
des droits est donc ce qui définit l’humanité, comme les mêmes propriétés
définissent tous les triangles. Le concept d’humanité est un et indivisible
comme le concept de triangle. Comme les hommes ont tous les mêmes droits, le
seul pouvoir légitime et incontestable est le pouvoir décidé par le
consentement de tous les hommes.
Les
hommes sont tous différents. Dire qu'ils sont inégaux c'est dire qu'ils entrent
dans une hiérarchie. Il y aurait entre eux un rapport de supériorité et
d'infériorité. Par exemple, Paul est plus riche que Pierre, Pierre est plus
intelligent que Jean, etc. Le problème, c'est que pour hiérarchiser, il faut un
critère de valeur : intelligence, richesse, force, etc. Et il y a quantité de
critères. Leur nombre n'est même pas fixé. Comment va-t-on faire pour décider
que Paul vaut plus que Pierre ? Pas selon un seul critère mais selon tous les
critères ? On pourrait dire : Paul vaut plus que Pierre s'il lui est supérieur
selon un plus grand nombre de critères. Par exemple, il le bat dans dix
domaines alors que Pierre ne l'emporte que dans cinq. Mais cela ne marche pas
car le nombre des critères n'est pas défini. Combien y en a-t-il ? Et parmi
tous ces critères (force, santé, beauté, rapidité, courage, talent, moralité, etc.)
y en a-t-il qui valent plus que d'autres ? Là non plus, ce n'est pas fixé. Donc
on ne pas dire globalement que Paul est supérieur à Pierre. Donc ils ne sont
pas inégaux en général. S'ils ne sont pas inégaux, ils sont égaux. Si vous ne
pouvez pas dire qu'un caillou vaut plus qu'un autre caillou, c'est donc qu'ils
ont la même valeur. Donc les hommes ont dans l'absolu (en dehors de leur
position sociale) la même valeur. C'est pourquoi on peut dire qu'ils sont
naturellement égaux. De plus, ils sont égaux en droits, c'est-à-dire qu'ils ont
les mêmes droits. Qu'est-ce qu'un droit naturel ? Une possibilité qui
appartient à quelqu'un de par sa nature. Chaque homme est fait pour vivre, il
est conçu pour cela. Il est également conçu pour être libre c'est-à-dire pour
faire ce que sa volonté lui dicte et non pour dépendre de la volonté d'un
autre. Il est aussi conçu pour posséder ce qu'il fait. Tels sont les trois
droits de chaque homme (le droit à la sécurité se confond avec le droit à la
vie) : droit à la vie, à la liberté et à la propriété.
Bien
sûr, dans les faits, il y a des inégalités entre les hommes. Mais il est juste
de penser qu'aucune de ces inégalités partielles (la richesse par exemple) ne
suffit à faire d'un homme un être supérieur sur tous les plans. Donc il n'est
pas juste (conforme au droit naturel) qu'un homme se voit attribuer des droits
supérieurs à ceux des autres. Il n'est pas juste, par exemple, que sa vie ou sa
liberté l'emportent sur celle des autres.
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