vendredi 12 avril 2019

Exemple de plan sur Du Bellay (axe 1)

1) Lyrisme élégiaque :
Constat : Lyrisme = sentiments personnels donc "je" où est le "je" dans le poème? strophes 2 et 3 (milieu)
Mais le "je" (l'individu) est encadré par l'universel (tous les hommes, le "qui" du premier quatrain et la douleur en général du deuxième tercet)
Interprétation : le "je" émerge de l'humanité et se résorbe dans l'expérience commune
Le poète veut dépasser son expérience singulière, il a une vocation d'universalité (pour parler à tous)
Lyrisme = poésie = versification (rythme, mètre, rimes)
Lyrisme = sentiment = ponctuation expressive (points d'exclamation qui expriment l'intensité du bonheur dans le premier quatrain et l'intensité de la peine dans le premier tercet = exclamations antithétiques)
Mais le bonheur ne sert qu'à introduire par opposition la peine exprimée dans trois strophes. Tonalité élégiaque = expression de la plainte. Champ lexical de la peine : "Las", "regrets", "mal" (3 occurrences), "plaindre", "gêne", "tourmenter", "pitié", "peine", "fâcheux", "douleur" (2 occurrences)
Mais le sujet du poème n'est pas cette peine, ce dont il se plaint le plus c'est de ne pas pouvoir se plaindre : paradoxe, contradiction apparente
La plainte s'exprime par l'interjection "las" (hélas), par les questions rhétoriques sur le "pourquoi" du mal (or cette raison est connue donc question rhétorique), par l'interjection "ô" vers 11, par la reprise de l'adverbe d'intensité "si" vers 12, 13, 14 (intensité de la douleur), par l'opposition entre besoin et impossibilité de se plaindre "si" (pourtant) vers 9, 10, 11, comparatif de supériorité "si ardent" que, "si fâcheux" que
2) Liberté et contrainte
Le mal est aggravé par l'impossibilité de le dire (la contrainte : 3 occurrences du verbe "contraindre" dans le premier quatrain, effet d'insistance pesante)
Métaphores de la douleur contrainte : feu "enclos", "mal qui tient à l'os", l'image de l'os indique la profondeur du mal
La parole libre serait guérison ou du moins soulagement (l'homme est "heureux" s'il jouit de la "liberté de la plume", premier quatrain)
Métaphore de la contrainte : "nœud", "enclos" et "muette", personnification de la peine "trop sujette" (soumise)
Raison de la peine : elle n'est pas dite, juste suggérée (sa souffrance est liée à un homme qu'il "n'ose offenser") cf. note 1 (soit c'est cet oncle qui est responsable de sa peine soit c'est quelque chose qui plaît à son oncle, par exemple la vie à Rome, sa situation d'intendant, etc.), on devine qu'il est dans une situation d'infériorité qui l'empêche de critiquer, de dénoncer, il ne peut faire qu'une allusion
Le pire mal est le silence de la peine (dernier vers), le poème est silence, mutisme ou plus exactement le poème est plainte secrète
Peut-être le poème naît-il justement de cette contrainte, s'il était libre de dénoncer et critiquer, de dire des maux précis, cela serait sans doute trop prosaïque et pas assez universel 
Le poète nous dit que la contrainte du silence aggrave la douleur : 
"n'est si grand' douleur, qu'une douleur muette" - cela signifie que l'expression, la poésie en particulier permet d'atténuer, de surmonter la douleur, c'est comme une purgation (catharsis) et quand la purgation est impossible la souffrance s'accroît (comme un abcès)
Mais dans ce poème, puisqu'il a exprimé en vers la douleur de ne pas pouvoir se plaindre, il se libère de cette douleur-là ou il l'atténue


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire