lundi 15 avril 2019

Exemple de dissertation sur la poésie


Dissertation sur la poésie :

La poésie a-t-elle pour fonction d’exprimer la réalité du monde ou de la transfigurer ?





Aujourd’hui, en Occident, la poésie a peu de lecteurs. On écoute des chansons mais on n’achète guère de recueils poétiques. Les journaux ne publient plus de poèmes. Les médias ignorent la poésie livresque. Elle est pourtant enseignée à l’école. N’est-ce pas contradictoire ? Si on l’enseigne, c’est qu’on juge qu’elle a une fonction. On peut se demander quelle est cette fonction. Sert-elle à exprimer la réalité du monde ou à la transfigurer ? Nous nous interrogerons d’abord sur ces deux rôles, qu’on a l’habitude d’opposer. Puis, nous essayerons de montrer les limites de cette opposition. Enfin, dépassant cette dichotomie, nous tenterons de redéfinir la fonction de la poésie.

Transfigurer signifie rendre plus beau, plus éclatant. Exprimer signifie seulement traduire en mots (ou plus généralement en signes). La différence entre les deux réside dans la fidélité au réel. Celui qui transfigure trahit pour embellir. La question est donc : le poète prend-il ses désirs (nos désirs) pour des réalités ? Ou bien, au contraire, montre-t-il les choses telles qu’elles sont ? Dans ce dernier cas, on aura tendance à mettre l’accent sur la laideur, la misère, l’injustice, sur tous les défauts de la réalité. On les opposera à la beauté de l’idéal. Ainsi, le poète pourra dénoncer ces défauts. C’est ce que fait Hugo quand il évoque un enfant tué pendant la nuit du 4 décembre 1851.

« L'enfant avait reçu deux balles dans la tête.

Le logis était propre, humble, paisible, honnête;

On voyait un rameau bénit sur un portrait.

Une vieille grand-mère était là qui pleurait.

Nous le déshabillions en silence. Sa bouche,

Pâle, s'ouvrait ; la mort noyait son œil farouche ;

Ses bras pendants semblaient demander des appuis.

Il avait dans sa poche une toupie en buis. »

La poésie a souvent joué ce rôle de dénonciation du mal. Le mal, d’ailleurs, peut être aussi bien personnel que social. Quand un poète se lamente en déplorant un deuil, un désamour, il exprime une réalité personnelle douloureuse. Les poètes ont pu aller loin dans l’expression de la noirceur, de la douleur, du mal. Mais pourquoi exprimer la réalité si celle-ci est désagréable ? A cette question, Hugo répond par le poème « Fonction du poète » (Les Rayons et les ombres 1840) :

« Le poète en des jours impies

Vient préparer des jours meilleurs.»

S’il dénonce, par exemple, le travail imposé aux enfants « Qui brise la jeunesse en fleur » (« Melancholia » in Les Contemplations), c’est avec l’espoir de contribuer à le supprimer. Dire la réalité servirait donc à la réformer, à la purger de tel défaut. Il en va également ainsi pour le mal individuel. Catharsis, conjuration, exorcisme, l’expression du mal peut libérer. Cependant, dans « Fonction du poète », Hugo ajoute aussitôt que le poète est « l’homme des utopies ; Les pieds ici, les yeux ailleurs ». L’utopie étant un monde imaginaire, on voit que le poète ne se contente pas de représenter le réel. Il le rêve aussi. Cette opposition entre représentation fidèle et rêverie est parfaitement illustrée dans « La Chambre double » (Le Spleen de Paris) de Baudelaire. Dans la première partie du poème, le poète présente une chambre idéale où règne l’Idole. Mais, dans la seconde partie, ce rêve est brisé et la chambre réelle, déplaisante, apparaît.

Faut-il assigner à la poésie une seule des deux fonctions ? N’est-il pas artificiel d’ailleurs d’opposer représentation fidèle et transfiguration ? On voit dans les poèmes du corpus que la transfiguration s’appuie sur une représentation du réel. Le buffet, la valise et la bicyclette sont présentés en tant que tels avant d’être élevés au rang de personne ou d’être vivant. De plus, la transfiguration n’est pas une pure convention esthétique. Elle repose sur le sentiment réel qu’éprouve le poète comme tout homme. Lorsqu’un poète évoque une femme aimée en termes extrêmement flatteurs, c’est parce que l’amour est une idéalisation ou, peut-être même, une optimisation lucide du réel. Après tout, l’éclat et la beauté dépendent du sujet qui les perçoit et les ressent. De la transfiguration, Jodelle a donné un excellent exemple dans Les Contre-Amours :

« Combien de fois mes vers ont-ils doré

Ces cheveux noirs dignes d’une méduse ?

Combien de fois ce teint noir qui m’amuse

Ai-je de lys et roses coloré ? »

Ici, le poète s’amuse à noircir ce qu’il a embelli. On peut penser qu’il exagère autant dans un sens que dans l’autre. L’exagération propre à toute transfiguration est dans l’enthousiasme de la passion. La transfiguration poétique est la représentation fidèle d’un sentiment valorisant qui peut faire partie de notre réalité. N’est-il pas commun de trouver beau ou magnifique tel coucher de soleil qui, pour un extra-terrestre, n’aura peut-être pas du tout cette valeur ? La transfiguration témoigne donc d’une réalité qui est celle de la valeur, valeur individuelle ou collective. La réalité est l’ensemble des choses qui existent. Les idées, les sentiments font partie de la réalité. Même les fantasmes, les croyances, les fantaisies les plus étranges en font partie. Si la réalité est la totalité des choses, aussi bien naturelles qu’artificielles, alors forcément la poésie l’exprime. En effet, la poésie est faite de mots. Les mots ont des référents. Ils désignent des choses du monde, des réalités. Donc, la poésie exprime, c’est-à-dire traduit en signes, ce dont l’homme fait l’expérience. Où est donc l’opposition ? Evidemment, si, comme l’écrit Jodelle, le poète chante des cheveux dorés qui sont en fait noirs, il ne témoigne pas exactement de la réalité disons purement physique. Il ne témoigne pas non plus de la réalité consensuelle. Mais il témoigne de sa passion, fût-elle délirante. Et il exprime aussi une réalité culturelle de son époque qui attachait plus de prix à la blondeur. On voit que l’opposition initiale n’est guère satisfaisante. Elle n’est que superficielle.

Il faut donc tenter de la dépasser. Pour ce faire, on peut noter d’abord que la poésie, dans la mesure où elle se veut belle, est en elle-même une transfiguration du langage ordinaire et donc de ce que le langage évoque. Jusqu’au XXe siècle en tout cas, la poésie a visé le beau, quelle que soit la définition qu’on lui donne. Relisons le poème de Verlaine. Il est harmonieux, agréable à entendre, son rythme berce et ses sonorités plaisent. L’air de piano est transposé dans un langage quasi musical. Le buffet que chante Rimbaud prend plus d’éclat parce qu’il est évoqué avec harmonie et de façon imagée. En poésie, le son et l’image servent à magnifier le sujet, à lui donner plus d’éclat, l’éclat de la beauté ou de l’art. C’est la raison pour laquelle, un poète nous donne du plaisir même s’il évoque des réalités désagréables. Cela n’est que la fonction de tout art. D’ailleurs, le mot « exprimer » ne désigne pas une représentation mécanique, une sorte de transcodage automatique. Exprimer, c’est faire connaître ou rendre sensible en donnant un sens. La réalité que l’on exprime est celle d’un sujet qui sent et qui confère une valeur. On pourrait donc, loin d’opposer expression et transfiguration poétique, dire que la poésie a pour fonction d’ajouter une valeur linguistique à n’importe quelle expérience humaine.

Nous avons tenté d’opposer les deux attitudes, l’expression simple et la transfiguration. Cela nous a conduits à voir l’opposition entre réalité et idéal, entre mal et bien en poésie. Nous nous sommes aperçus que la transfiguration repose sur une aspiration et que cette aspiration n’a de sens que dans une réalité donnée, réalité presque toujours insatisfaisante.  Si le poète transfigure, comme tout homme, c’est parce que le donné ne lui suffit pas. Si la poésie existe, en tant qu’art du beau, c’est parce que le monde naturel et le langage ordinaire ne suffisent pas aux hommes. Toute transfiguration est une expression qui témoigne d’une insatisfaction. Donc un poète qui transfigure exprime du même coup. Et, comme la poésie confère à son objet l’éclat d’un  langage exceptionnel, toute expression poétique est également transfiguration. Il nous semble donc que la fonction de la poésie est d’exprimer quelque chose en y ajoutant de la valeur et de l’éclat, ne serait-ce que ceux d’un langage d’exception.

vendredi 12 avril 2019

Exemple de plan sur Du Bellay (axe 1)

1) Lyrisme élégiaque :
Constat : Lyrisme = sentiments personnels donc "je" où est le "je" dans le poème? strophes 2 et 3 (milieu)
Mais le "je" (l'individu) est encadré par l'universel (tous les hommes, le "qui" du premier quatrain et la douleur en général du deuxième tercet)
Interprétation : le "je" émerge de l'humanité et se résorbe dans l'expérience commune
Le poète veut dépasser son expérience singulière, il a une vocation d'universalité (pour parler à tous)
Lyrisme = poésie = versification (rythme, mètre, rimes)
Lyrisme = sentiment = ponctuation expressive (points d'exclamation qui expriment l'intensité du bonheur dans le premier quatrain et l'intensité de la peine dans le premier tercet = exclamations antithétiques)
Mais le bonheur ne sert qu'à introduire par opposition la peine exprimée dans trois strophes. Tonalité élégiaque = expression de la plainte. Champ lexical de la peine : "Las", "regrets", "mal" (3 occurrences), "plaindre", "gêne", "tourmenter", "pitié", "peine", "fâcheux", "douleur" (2 occurrences)
Mais le sujet du poème n'est pas cette peine, ce dont il se plaint le plus c'est de ne pas pouvoir se plaindre : paradoxe, contradiction apparente
La plainte s'exprime par l'interjection "las" (hélas), par les questions rhétoriques sur le "pourquoi" du mal (or cette raison est connue donc question rhétorique), par l'interjection "ô" vers 11, par la reprise de l'adverbe d'intensité "si" vers 12, 13, 14 (intensité de la douleur), par l'opposition entre besoin et impossibilité de se plaindre "si" (pourtant) vers 9, 10, 11, comparatif de supériorité "si ardent" que, "si fâcheux" que
2) Liberté et contrainte
Le mal est aggravé par l'impossibilité de le dire (la contrainte : 3 occurrences du verbe "contraindre" dans le premier quatrain, effet d'insistance pesante)
Métaphores de la douleur contrainte : feu "enclos", "mal qui tient à l'os", l'image de l'os indique la profondeur du mal
La parole libre serait guérison ou du moins soulagement (l'homme est "heureux" s'il jouit de la "liberté de la plume", premier quatrain)
Métaphore de la contrainte : "nœud", "enclos" et "muette", personnification de la peine "trop sujette" (soumise)
Raison de la peine : elle n'est pas dite, juste suggérée (sa souffrance est liée à un homme qu'il "n'ose offenser") cf. note 1 (soit c'est cet oncle qui est responsable de sa peine soit c'est quelque chose qui plaît à son oncle, par exemple la vie à Rome, sa situation d'intendant, etc.), on devine qu'il est dans une situation d'infériorité qui l'empêche de critiquer, de dénoncer, il ne peut faire qu'une allusion
Le pire mal est le silence de la peine (dernier vers), le poème est silence, mutisme ou plus exactement le poème est plainte secrète
Peut-être le poème naît-il justement de cette contrainte, s'il était libre de dénoncer et critiquer, de dire des maux précis, cela serait sans doute trop prosaïque et pas assez universel 
Le poète nous dit que la contrainte du silence aggrave la douleur : 
"n'est si grand' douleur, qu'une douleur muette" - cela signifie que l'expression, la poésie en particulier permet d'atténuer, de surmonter la douleur, c'est comme une purgation (catharsis) et quand la purgation est impossible la souffrance s'accroît (comme un abcès)
Mais dans ce poème, puisqu'il a exprimé en vers la douleur de ne pas pouvoir se plaindre, il se libère de cette douleur-là ou il l'atténue


jeudi 4 avril 2019

Dom Juan, I, 2


Dom Juan, acte I scène 2 : la tirade sur l’inconstance


1) Quelle est l'argumentation de Don Juan ?


Don Juan défend l’inconstance. Il veut persuader Sganarelle qu’elle est un bien. Il commence par critiquer la constance. Il compare celle-ci à la mort. Etre fidèle en effet, c’est rester insensible aux autres femmes. Qu’est-ce que l’insensibilité sinon la mort ? Il est absurde de cultiver ou de feindre l’insensibilité alors qu’on est en vie. Et, puisque c’est absurde, il n’y a aucune dignité dans la constance. On ne peut que rire de l’erreur qui consiste à associer l’honneur et la fidélité. Après avoir critiqué la constance, Don Juan en vient à la justification de l’infidélité. Les arguments qu’il donne sont les suivants : tout d’abord, il est injuste de priver une belle des hommages qu’on lui doit. On ne doit pas laisser le hasard nous attacher à l’une au détriment des autres. Toutes les beautés sont égales. Toutes ont le même droit de nous séduire. Deuxièmement, la beauté est une force qui nous contraint. Elle exerce sur notre sensibilité une « douce violence » que nous subissons passivement. L’oxymore marque le caractère irrésistible de la tentation. C’est donc la beauté, la multiplicité de la beauté, qui cause l’inconstance. Pourquoi serait-il mauvais d’honorer la beauté chaque fois qu’elle se présente ? Puisque nous sommes sensibles à son pouvoir, il est naturel d’y céder. Or, céder à la beauté signifie la désirer et lui témoigner son désir. Le problème est que la femme est double. Elle est à la fois beauté qui subjugue et vertu qui interdit. Pour Don Juan, il est évident que la beauté doit l’emporter. Il faut donc que l’homme vainque les résistances de la vertu féminine. Tel est le sens du combat de Don Juan. Il est le héros, le champion de la beauté. Son adversaire est donc ce qui résiste au désir de la beauté. Mais que se passe-t-il un fois la beauté honorée ? Nous revenons à la multiplicité. Il ne suffit pas de faire triompher la beauté d’une seule  femme. D’ailleurs, une fois que la beauté a gagné, une fois que la pudeur est vaincue, la preuve est faite. Il n’y a plus rien à combattre, plus rien à démontrer avec la femme qui a suscité le désir. Il faut donc reprendre le combat de la beauté ailleurs, avec une autre femme. La multiplicité exige le changement. Le plaisir est le triomphe de la beauté. Or, puisque la beauté ne se trouve pas chez une seule femme, le plaisir est dans ce passage de l’une à l’autre, qui oblige à reprendre le combat. L’amour est un cycle qui fait alterner vie et mort. Vie du désir et mort de la satisfaction. Vie de la beauté désirée, mort de la beauté victorieuse. 

2) Apologie du libertinage amoureux et mépris de la religion

L'amour libertin que défend Don Juan s'arrête au corps, à la beauté physique. Il n'est pas question de la beauté de l'âme. Pour l'Eglise et pour la conception platonicienne, l'amour doit s'élever au-delà des sens. Pas pour Don Juan. Son apologie de l'inconstance est scandaleuse pour un chrétien car la religion ne tolère pas l'amour charnel hors du mariage et le mariage est un sacrement qui lie les époux pour la vie. Voici ce que dit un père de l'Eglise, saint Augustin, du mariage : « Le mariage comprime dans ses élans la volupté, met une sorte de pudeur dans leur fougue et les tempère par le désir de paternité. Il se mêle, en effet, je ne sais quelle gravité aux bouillonnements de la volupté quand, au moment où l’homme et la femme s’unissent, ils songent qu’ils vont devenir père et mère » (De Bono conjugali, III, 3). Pour l'Eglise l'homme doit aimer son épouse comme la création de Dieu et la respecter, il ne doit pas chercher en elle son seul plaisir, ce serait un péché. Don Juan est donc un pécheur. Sa tirade est d'autant plus choquante pour un dévot ou une personne pieuse qu'il argumente avec allégresse comme s'il tenait des propos parfaitement innocents. On sent sa joie, celle d'un jeune homme impétueux et libre de toute morale religieuse, notamment à la fin lorsqu'il se compare à Alexandre. Il développe la métaphore du combat à propos de l'amour. Si l'amour est le combat au service de la beauté alors il faut servir la beauté partout où elle est. Cependant, un chrétien dirait que la conception de l'amour de Don Juan est trop passive. Il subit l'influence de la beauté charnelle au lieu de construire une union des âmes par une émulation au bien, à la vertu. Il ne s'agit pas du tout pour lui de devenir meilleur et de rendre l'autre meilleur par l'amour. Telle est la principale limite de sa conception libertine. L'amour pour lui n'est qu'une affection des sens et non une recherche de la vertu. On voit donc que Don Juan fait fi des valeurs chrétiennes. Il invoque une valeur mondaine (ou sociale, par opposition aux valeurs religieuses) propre à sa classe, l'aristocratie. Cette valeur très importante pour les nobles est l'honneur, elle doit guider le comportement d'un gentilhomme. C'est ainsi qu'il attaque la fidélité en disant que c'est un "faux honneur". L'autre principe auquel il se réfère est la nature : c'est un principe libertin, les libres penseurs du XVIIe opposent à Dieu la nature en disant que c'est elle qu'il faut suivre. Don Juan dit de ses assauts amoureux que ce sont "les hommages et les tributs où la nature nous oblige". Ainsi justifie-t-il son libertinage amoureux selon le principe libertin que tout ce que veut la nature est bon.

lectures restantes et exposés

Il reste à lire Dom Juan, Hamlet et Dialogue entre un prêtre et un moribond. Ce dernier texte, qui est court, est sur le blog. 
A l'oral, vous devez apporter ces trois livres de la liste : L'Etranger, Le Spleen, Dom Juan, pas les autres. 
Pour Dom Juan, je vous conseille une édition scolaire du type Classiques Larousse ou Bordas à cause des notes explicatives. 
Exposés à faire en classe : Les normes sociales dans le Dom Juan de Molière (Tarek). Le libertinage de mœurs dans Dom Juan (Yasmine). Le libertinage philosophique dans Dom Juan (Ouali). Le comique dans l'extrait de Don Quichotte (Myles). L'argumentation dans l'extrait de L'Autre monde de Cyrano (texte ici.) (Axelle et Antion). L'argumentation dans l'extrait des pensées de Pascal (ici) (Alexis et Enzo). Comparaison entre The Raven de Poe et les traductions de Baudelaire et de Mallarmé (élèves bilingues). La compassion et le dégoût dans Le Spleen de Paris (François et Rio). La tirade de Don Juan sur l'hypocrisie (commentaire) (Valentin).

mardi 2 avril 2019

Don Juan I, 1


Fiche bac français : Dom Juan, 1er extrait Acte I, scène 1 (Portrait du maître)

I : Introduction

- Molière : auteur dramatique, directeur de troupe, metteur en scène, acteur

- reçoit une pension royale

- première représentation de la pièce  : 1665, la pièce est un grand succès

- Les dévôts attaquent la pièce, Molière censure quelques passages

- Elle ne sera éditée qu'en 1682 avec des passages censurés

- Molière a écrit rapidement cette pièce pour remplacer Tartuffe dont les représentations se sont interrompues sous la pression du parti dévôt

- Molière a repris un personnage existant, le créateur de Dom Juan est Tirso de Molina, un auteur espagnol (1620)

- scène d’exposition : présentation des personnages et de la situation initiale

- Dom Juan a séduit une jeune fille au couvent, Don Elvire. Elle est à sa poursuite

- Début de la scène : tirade sur le tabac (éloge de quelque chose qui est interdit dans les lieux de culte (amorce du libertinage = plaisir avant tout), citons : « pourceau d’Epicure »

- Demande de Gusman sur les intentions de Dom Juan à laquelle SG répond

Comment Sganarelle se révèle-t-il en peignant son maitre ?

A : Portrait de Dom Juan par SG

B : SG se révèle à la fois à Gusman et aux spectateurs (double énonciation)



II : Développement

A : Portrait de DJ par SG

- DJ n’est pas encore apparu sur scène

- le spectateur reçoit des infos tendancieuses sur DJ (elles ne sont pas objectives, point de vue de SG)

- SG fait un portrait critique de DJ, il est accusé de libertinage

- Mais on sait que SG est le valet de DJ, ils sont donc tout le temps ensemble, ce portrait de lui est donc sûrement en partie vrai

- citons : « je n’ai pas de peine à le comprendre moi », SG est au courant du libertinage, il n’est donc pas étonné que DJ fuie Don Elvire

- Mais SG dit qu’il n’est pas encore sûr des intentions de son maitre

- Il faut prendre le mot « libertinage » au sens libertinage de moeurs : 2 sortes de libertinage

- libertinage de mœurs (conduite, comportement) = libertinage amoureux

- libertinage philosophique = ne pas croire en Dieu, se libérer de l'influence de la religion

- Dom Juan pratique ces deux sortes de libertinage

- Définition de Dom Juan : « Le plus grand scélérat que la terre ait jamais porté » = criminel = hyperbole

- Il y a 4 énumérations dans ce passage :

- 1ère : qui désigne le libertinage de DJ, d’une part l’impiété, de l’autre la débauche amoureuse

- 2ème : l’impiété  (l’incroyance de DJ), citons « ni Ciel, ni saint, ni Dieu, ni loup-garou », provocation implicite qui vise à choquer les dévots : SG met au même plan la vraie foi (ni Ciel, ni saint, ni Dieu) et la croyance au loup-garou qui est une superstition que l’Eglise n’a jamais conçue comme vraie. C’est un blasphème, cela veut dire que croire en Dieu est aussi bête que croire au loup-garou

- 3ème : la débauche, citons « véritable bête brute, un pourceau d’Epicure, un vrai Sardanapale », Epicure = satisfaire ses désirs naturels (boire, manger, sexe), L’Eglise est contre cela, DJ est à l’opposé de l’Eglise. Sardanapale est un figure de style, antonomase (employer un nom propre à la place d’un nom commun), Sardanapale = roi d’Assyrie réputé pour aimer le luxe et la débauche

- 4ème : comique, citons « il aurait épousé toi, son chien et son chat », Sg fait de son maitre un monstre, citons « Dame, demoiselle, bourgeoise, paysanne », DJ prend ce qui lui plait

- Il y a 5 métaphores dans ce passage :

-1ère : du mot « enragé », DJ est atteint de la maladie de la rage, c’est un hyper sexuel

- 2ème : « chien », personne méprisable

- 3ème : « turc », turc = musulman donc infidèle pour les chrétiens

-4ème : « pourceau » = cochon qui se vautre dans les plaisirs

- 5ème : « épouseur à toute main » = polygame, mais DJ n’emmène pas ses proies à l’église, il consomme avant de payer

- Ce portrait de DJ annonce le dénouement car si DJ est si méchant, on s’attend à ce qu’il soit puni et précipité en enfer

B : SG se révèle à la fois à Gusman et aux spectateurs (double énonciation)

- information transmise grâce à une double énonciation (Gusman et spectateurs)

- SG prolixe, il aime parler, il enchaîne les tirades

- SG est crédule, il se montre comme un défenseur de la morale et de la foi religieuse mais il se montre plus superstitieux que religieux, ex : « qui ne croit ni ciel ni loup-garou », on voit que SG met au même plan des données n’appartenant pas au même domaine = manque de connaissance et besoin de parler

- Mais SG pour un homme du peuple s’exprime de façon convenable

- il souhaite surtout impressionner Gusman avec un beau discours

- SG se sent supérieur à Gusman, SG utilise « moi », renforcement du « je »

- le courage de SG n’est que verbal et il n’existe qu'en l’absence de son maître

- il a peur de DJ, nous verrons dans la suite de la pièce que SG obéit à toutes les décisions de DJ

- SG est d’une intelligence limitée, à cause de ses préjugés = incohérents

- SG est maladroit, il ne prend pas la discussion au sérieux « il aurait encore épousé toi, son chien et son chat », cette hyperbole montre très bien son manque de sérieux (il est un personnage souvent comique)

- Mais il arrive qu’il nous surprenne avec des métaphores « épouseur à toute main », du vocabulaire travaillé « scélérat, pourceau d’Epicure, Sardanapale » et du latin « inter nos » = entre nous

III : Conclusion

- Annonce l’arrivée de DJ et présente au spectateur le pers. principal > exciter la curiosité du spectateur

- Donne un avant-goût de ce dernier avec un portrait au vitriol, dénonçant le libertinage.

- On se demande si SG est vraiment sincère.

- De plus ce portrait est provocateur pour les dévots de l’époque par le mélange de la foi et de la superstition.