lundi 27 mai 2019

Exposé d'élève sur la tirade sur l'hypocrisie

Commentaire de texte : Dom Juan Acte V Scène II
INTRODUCTION :
Dom Juan est une tragi-comédie de Molière, jouée pour la première fois au théâtre, au Palais Royal, le 15 février 1665. La pièce est représentée 15 fois et remporte un vif succès.
Mais cependant, Molière s’étant attaqué à la religion, par le personnage de Don Juan, le parti des dévôts organise une cabale contre la pièce et son auteur et fait interdire la pièce qui ne sera rejouée.
Dom Juan, est un grand seigneur de Sicile. Il se considère comme athée et est fier de son libertinage Une seule femme ne lui suffit pas, et après avoir épousé Done Elvire, il s’empresse de l’abandonner pour aller séduire d’autres femmes, dont Charlotte et Mathurine (Acte II scène 4).
Don Juan a fait croire à son père qu’il s’était converti à la religion. Il s’agit d’une comédie. Cependant, il prétend avoir compris les leçons passées et il semble revenir dans le droit chemin. Son père est tout heureux de cette conversion. Nous-mêmes, en tant que spectateurs pourrions être convaincus.
Il s’agit d’un simulacre et Don Juan n’a en fait aucune intention de se convertir. Il continue à penser en libertin et reste athée (1). Intérieurement, ses dispositions n’ont pas changé.
Dans cette tirade Don Juan avoue à son valet, Sganarelle qu’il a menti à son père. Il explique à son fidèle valet les raisons qui l’ont amené à choisir l’hypocrisie.
Tout d’abord, nous verrons comment Don Juan manie l’art de la rhétorique, et ensuite nous analyserons l’éloge qu’il fait de l’hypocrisie.
I : Don  Juan maître du langage

Don Juan avoue à Sganarelle qu’il a décidé de pratiquer l’hypocrisie pour être tranquille. Il veut rester maître de sa vie sans personne pour lui dicter sa conduite.
Maître de la rhétorique, Don Juan est sûr de lui et ses arguments semblent irréfutables :
Tout d’abord il tente de persuader son interlocuteur et le public. Il s’adresse à Sganarelle et lui dit clairement ce qu’il pense. Il parle de la cabale, ces "gens du parti" (les dévots) qui jouissent d’une tranquillité, car ils sont devenus maîtres dans l’art de l’hypocrisie. Il demande à son valet « combien crois-tu que j’en connaisse, qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse » et qui sont selon Don Juan, sont « les plus méchants hommes du monde ? ».
Afin de renforcer son argumentation, Il utilise également le présent de vérité générale et généralise avec des termes comme « tous », « il », « l’homme de bien », « ceux ». Afin de renforcer la généralisation, il s'exprime par ailleurs avec des aphorismes (proverbes) tel que « qui en choque un se les jette tous sur les bras » ou « c’est ainsi qu’il faut profiter de la faiblesse et qu’un sage d’esprit s’accommode des vies de son siècle ». Sûr de ses propos, il crée des images fortes chez le spectateur à l’aide de nombreuses métaphores, comme par exemple « grimaces », « les singes  », "le manteau". Ces images renforcent son idée de l’hypocrisie.

II : L’éloge de la l’hypocrisie

Au début de la tirade, Don Juan cherche à prouver les vertus de l’hypocrisie qui constitue selon lui un véritable stratagème pour vivre en paix.
Selon Don Juan, cette conversion est un moyen de se protéger dans la société.
Pour être tranquille il suffit de jouer un personnage, il peut ainsi « mettre en sûreté » ses « affaires ».
Lorsque Don Juan s’adresse à Sganarelle, au début de cette tirade il énonce des idées générales avec notamment le pronom indéfini « on ». Il fait passer l'hypocrisie pour une vertu : "tous les vices à la mode passent pour vertus". Selon lui, utiliser l’hypocrisie est un « abri favorable ». Il va même plus loin encore en décidant de s’ériger comme « censeur ». De cette manière, il serait totalement libre de vivre comme il l’entend, sans que personne ne le juge dans sa conduite où il se sent tout puissant.
Dans son siècle, tout le monde l’adopte et il ne voit pas pourquoi lui ne pourrait pas utiliser ce qu’il qualifie de « profession ». Il confirme son argumentation en élevant l’hypocrisie au rang de « vice privilégié qui de sa main, ferme la bouche à tout le monde ». Il se considère comme pas plus condamnable qu’un autre et il semble normal qu’il soit lui aussi hypocrite. Il se considère au-dessus du ciel et se verrait bien en « vengeur des intérêts du ciel ». Dans cette tirade, de nombreux termes mélioratifs et des hyperboles renforcent les effets de l’hypocrisie.
Il joue le « meilleur de tous les personnages », il obtient de « merveilleux avantages ». C’est un art, un vice privilégié, un abri favorable.
L’hypocrisie (toujours selon Don Juan) est un art qui inspire le respect. L’hypocrite peut agir en toute liberté car pratique crée des liens avec la société : « on lie (...) une société étroite avec tous les gens du parti ». Il traite les faux dévots de « plus méchants hommes du monde ». Il démontre qu’en se mettant à l’abri, grâce à l’hypocrisie il pourra continuer son libertinage sans être jugé ou condamné par la société.
Il considère de plus qu’un « sage esprit » comme lui doit s’accommoder du vice de son siècle et en tirer tous les avantages. Il est conscient de l’immoralité de ses actes, cela ne l’empêche pas de se proclamer « censeur » des actions d’autrui. 

Conclusion :
Dans cette tirade, Molière met en scène une personne qui a l’art de manier les mots et qui prononce un discours contraire aux valeurs traditionnelles. Il choisit ouvertement de bafouer la religion mais également de jouer hypocritement le rôle du dévot. Sur le plan humain, il atteint le sommet de la scélératesse. Cette tirade se présente comme un éloge, mais elle permet surtout à Molière de critiquer la société de son temps et notamment de s’attaquer aux dévots. Le Tartuffe avait été interdit par les dévots et Dom Juan subira le même sort. 
(1) Pour rappel, le clergé et les dévots condamnent et persécutent les libertins. Louis XIV n’aimait pas non plus les libertins pour des raisons politiques.
Un acte de libertinage pouvait être sanctionné par la prison, l’exil ou le bûcher.
En 1629, le clergé et les dévots avaient fondé la Compagnie du Saint Sacrement. Cette association dissoute en 1665, groupait des laïcs et des ecclésiastiques. Certains grands noms comme Bossuet, Anne d’Autriche… Cette société pieuse était soutenue par le pape. Elle se voulait charitable, philanthropique, apostolique, moralisante. Elle accueillait les malheureux. Des hôpitaux généraux avaient été construits
Louis XIV se méfiait de la puissance de la Compagnie du Saint Sacrement, mais comme sa mère Anne d’Autriche en faisait partie, et parce qu’il devait soutenir certaines personnalités du royaume il n’avait pas le choix et il devait composer.
Elle se comportait comme une véritable cabale : cette association se livrait à des complots et on l’appelait la Cabale des dévots.

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