vendredi 30 novembre 2018

Le Spleen de Paris

Indiquer le genre, le sujet et la tonalité de chaque poème


À Arsène Houssaye : Préface / Forme, source et finalité de l'oeuvre
I. L'Étranger : Dialogue / Etrangeté au monde / Lyrisme
II. Le Désespoir de la vieille : Récit (scène) / Solitude de la vieillesse / pathétique, élégiaque
III. Le Confiteor de l'artiste : Discours (monologue) / Désir insatisfait de saisir la beauté / élégiaque
IV. Un plaisant : Récit / L'esprit français du bourgeois suffisant / satire
V. La Chambre double : Récit itératif / Rêve / Lyrisme
VI. Chacun sa chimère  : Récit (allégorie) / Vanité de l'espoir / fantastique
VII. Le Fou et la Vénus : Récit (scène) / L'artiste et la beauté / pathétique
VIII. Le Chien et le Flacon : Récit (scène) allégorique / Le goût du public / Humour
IX. Le Mauvais Vitrier : Discours puis récit / Le démon de l'ennui / humour, registre didactique
X. À une heure du matin : Discours / Dégoût de la société, solitude rédemptrice / Lyrisme
XI. La Femme sauvage et la Petite-maîtresse : Discours / remontrance à une femme capricieuse / Humour
XII. Les Foules : Discours / Identification aux inconnus / registre didactique
XIII. Les Veuves : Discours et récit / Les veuves pauvres / pathétique
 XIV. Le Vieux Saltimbanque : Récit / Le vieux poète / pathétique
XV. Le Gâteau : Récit / Pauvreté / Compassion
XVI. L'Horloge : Discours galant / L'amour suspend le temps / Lyrisme
XVII. Un hémisphère dans une chevelure : Discours amoureux / Volupté de la chevelure / Lyrisme
XVIII. L'Invitation au voyage : Discours / Pays de rêve / Lyrisme
XIX. Le Joujou du pauvre : Discours puis récit (apologue) / L'égalité naturelle / argumentatif
XX. Les Dons des fées : Récit / Inégalité naturelle / Humour
XXI. Les Tentations ou Eros, Plutus et la Gloire : Récit onirique / Amour, richesse et gloire / Humour et fantastique
XXII. Le Crépuscule du soir : Récit et discours / Éloge de la nuit / Lyrisme
XXIII. La Solitude : Discours / Éloge de la solitude / registre argumentatif
XXIV. Les Projets : Récit / Voyage imaginaire / Lyrisme
XXV. La Belle Dorothée : Récit / Éloge d'une cafre / Lyrisme
XXVI. Les Yeux des pauvres : Discours et récit / La pauvreté et l'incommunicabilité / Compassion
XXVII. Une mort héroïque : Récit (apologue) / L'ivresse de l'art / Tragique
XXVIII. La Fausse Monnaie : Récit / Charité frauduleuse / registre polémique
XXIX. Le Joueur généreux : Récit / Le pacte avec le diable / Humour
XXX. La Corde : Récit / Le suicide de l'enfant pauvre / Tragique, pathétique
XXXI. Les Vocations
XXXII. Le Thyrse : Discours (allégorie) / Art / Laudatif
XXXIII. Enivrez-vous
XXXIV. Déjà !
XXXV. Les Fenêtres
XXXVI. Le Désir de peindre
XXXVII. Les Bienfaits de la lune
XXXVIII. Laquelle est la vraie ? 
XXXIX. Un cheval de race
XL. Le Miroir
XLI. Le Port
XLII. Portraits de maîtresses
XLIII. Le Galant Tireur : Récit / Guerre des sexes / Humour
XLIV. La Soupe et les Nuages
XLV. Le Tir et le Cimetière
XLVI. Perte d'auréole
XLVII. Mademoiselle Bistouri : Récit / Fétichisme / Humour
XLVIII. Anywhere out of the World
XLIX. Assommons les Pauvres ! : Apologue / Egalité / Humour
L. Les Bons Chiens
Épilogue


Poésie 1

Extrait d'une ode de Pindare (Ve s. av. J-C)

O lyre dorée d'Apollon, digne apanage des muses tressées en cheveux d'un noir azur ! O toi, dont les sons appellent la cadence et donnent aux musiciens le signal du rythme ! Puissent les poètes entendre tes accords sublimes, quand ils préludent par leurs chants à nos cérémonies triomphales ! Tu sais amortir les feux toujours renaissants de la foudre. Epris de tes enchantements, ce roi des oiseaux qui veille perché sur le sceptre de Jupiter, l'aigle, dès que tu étends en nuages sur sa tête les molles ondulations de ta puissante harmonie, cède au sommeil, ferme ses paupières, et sous un dos saillant laisse pencher ses ailes. Le fougueux Mars lui-même, oubliant ses traits homicides, sent son coeur s'attendrir. L'âme des dieux connaît aussi le charme attrayant des vers et des chants, enfants du docte fils de Latone et des muses au sein voluptueux.

Pindare, 1re Ode Pythique, Apollon

lundi 26 novembre 2018

Conclusion sur L'Etranger

Ce qui fait l'existence absurde selon Camus c'est qu'elle n'est pas rationnelle. Meursault est l'homme qui "attend de mourir" (Carnets de Camus). C'est la mort et le hasard qui font la vie absurde. La mort, au sens du néant, parce que l'existence est pour rien, elle n'a pas de finalité, elle est gratuite. La raison humaine se heurte à la mort : il n'est pas rationnel que l'on vive pour mourir. La raison voudrait que l'homme ait une dignité : quelle dignité peut avoir ce qui va pourrir et cesser d'être pour l'éternité ? Qu'est-ce qu'une vie de quatre-vingt ans rapportée à l'infini ? A quoi bon aimer, lutter, construire une vie sachant qu'il n'en restera rien ? Autant pisser dans un violon. La raison se heurte au hasard : les événements ont une cause mais si on remonte de cause en cause on arrive à une cause première qui n'a pas de raison. Pourquoi le big bang plutôt qu'autre chose ? Pourquoi quelque chose plutôt que rien ? Si la vie obéissait à la raison, elle aurait un sens : cette raison serait soit la volonté individuelle, soit la volonté du tout (Dieu par exemple). Or votre vie n'obéit ni à l'une ni à l'autre. Donc elle n'a pas de raison. Le meurtre de Meursault a des causes mais il n'a pas de raison, c'est un hasard. Il s'explique par des coïncidences qui elles ne s'expliquent pas. Tout ça parce qu'il a mangé du boudin avec Raymond. S'il avait refusé de manger du boudin rien ne serait arrivé. On ne voit pas la nécessité de manger du boudin avec son voisin de palier. 
Bref, Shakespeare disait tout cela bien avant Camus : 
"Life’s but a walking shadow, a poor player

That struts and frets his hour upon the stage

And then is heard no more. It is a tale

Told by an idiot, full of sound and fury,

Signifying nothing."
"La vie n'est qu'un fantôme errant, un pauvre comédien qui se pavane et s'agite une heure sur la scène et qu'ensuite on n'entend plus. C'est un conte raconté par un idiot, plein de bruit et de fureur, qui ne signifie rien." (Macbeth, acte V, scène 5)
"Moi, j’avais l’air d’avoir les mains vides. Mais j’étais sûr de moi, sûr de tout, plus sûr que lui, sûr de ma vie et de cette mort qui allait venir. Oui, je n’avais que cela. Mais du moins, je tenais cette vérité autant qu’elle me tenait. J’avais eu raison, j’avais encore raison, j’avais toujours raison. J’avais vécu de telle façon et j’aurais pu vivre de telle autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela. Je n’avais pas fait telle chose alors que j’avais fait cette autre. Et après ? C’était comme si j’avais attendu pendant tout le temps cette minute et cette petite aube où je serais justifié. Rien, rien n’avait d’importance et je savais bien pourquoi. Lui aussi savait pourquoi. Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j’avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n’étaient pas encore venues et ce souffle égalisait sur son passage tout ce qu’on me proposait alors dans les années pas plus réelles que je vivais." (L'Etranger, IIe partie, ch. 5)
A la fin, Meursault affirme que la seule raison est la sienne, sa subjectivité, son existence individuelle face au néant. Il a raison d'être ce qu'il est et de faire ce qu'il a fait car il est unique, personne d'autre ne pouvait faire exactement ce qu'il a fait et mourir comme lui. La seule vérité est celle de son existence particulière. Il ne peut rien affirmer d'autre que sa vie et sa personne, car aucun discours, aucune idée ne peuvent rendre compte de celles-ci. La conscience de la mort prochaine oblige l'individu à se resserrer sur lui-même, à vouloir ce qu'il est et ce qu'il a été comme si c'était absolument nécessaire. Sa mort est nécessaire donc lui il est nécessaire. Tout dans sa vie et sa personne se tient, tout ne fait qu'un bloc face à la mort. La mort nous résume et impose notre unité. Mourir c'est ne faire qu'un avec soi-même. 
Meursault s'était apparemment laissé vivre, passivement, sans trop savoir qui il était et sans rien vouloir. A la fin, il fait preuve de volonté. Il veut sa vie et sa mort au lieu de les subir. Il trouve dans sa volonté sa dignité de prisonnier et de condamné. Il s'épouse lui-même. Il trouve au plus près de mourir l'adhésion à soi. Il n'est donc pas absurde, lui, puisque l'absurde est incohérence et que lui est cohérent au point de ne faire qu'un.  

L'Etranger c'est l'histoire d'un mec qu'on a mis à l'ombre à cause du soleil.  

samedi 10 novembre 2018

Travail en classe sur le roman et sur l'argumentation

Répondez par écrit aux questions suivantes. 

1. Quel est l'étymon (le mot source) du mot "roman" ?

2. Quel est le sens du mot "roman" dans la phrase suivante : "Le roman, qui deviendra le français, apparaît dès 842, dans le Serment de Strasbourg signé par deux des petits-fils de Charlemagne."

3. Quel est le sens  du mot "roman" dans l'expression "romans de la table ronde" ?

4. Quel est le sème (élément de signification) commun aux sens des questions 2 et 3 ?

5. Aux 12e et 13e siècles beaucoup d’œuvres sont consacrées à la "matière de Bretagne" ?  Que signifie cette expression ?

6. L'histoire de Tristan, l'histoire d'Arthur et de ses chevaliers, l'histoire de la quête du Graal sont les trois sujets des romans de chevalerie en ancien-français. Qu'est-ce que le Graal ?

7. Les romans en ancien-français étaient-ils en prose ou en vers ?

8. Qu'est-ce qu'une épopée ? Qu'est-ce qu'une chanson de geste ? 

9. L'Odyssée d'Homère est-elle un roman ou une épopée ? Quelle différence faites-vous entre les deux genres ?

10. Dans une épopée du XVIe siècle, Roland furieux, le héros affronte les Sarrasins comme dans La Chanson de Roland : "Il tenait nue à la main cette effroyable épée qui a mis à mort tant de Sarrasins. (...) Bientôt le sang coule le long du chemin rougi et qui peut à peine contenir tant de morts, car il n’y a ni bouclier ni casque qui puisse préserver là où l’impitoyable Durandal s’abat, non plus que les vêtements rembourrés de coton, ou les tissus roulés mille fois autour de la tête. Les gémissements et les plaintes s’élèvent dans les airs, en même temps que volent les bras, les épaules et les têtes coupés. La Mort cruelle erre sur le champ de bataille, sous mille formes horribles, et se dit : « Aux mains de Roland, Durandal vaut mieux que cent de mes faux. » Quelle fonction du récit se retrouve dans ce passage ?

11. Sachant que la légende arthurienne est utilisée par certains auteurs pour légitimer le pouvoir des Normands en Angleterre et que bien des épopées relatent les luttes entre Chrétiens et Mahométans, pouvez-vous dire que le roman peut avoir une autre fonction que le divertissement des lecteurs ? 

12. Quels ingrédients du roman de chevalerie apparaissent dans la scène des moulins de Don Quichotte ? 

13.  Pourquoi peut-on dire que la scène des moulins exprime le conflit entre réalisme et merveilleux ?

14. Que peut-on penser de l'évolution du héros de roman du chevalier Roland ou de Galaad à Meursault en passant par Des Grieux et Bel-Ami ?

Sujets sur l'argumentation :
Dans quelle mesure la force d'une argumentation se nourrit-elle de l'expérience vécue ? Vous développerez votre propos en vous appuyant sur les textes du corpus, sur les œuvres que vous avez étudiées en classe et sur celles que vous avez lues.

Une réflexion fondée sur l'expérience personnelle de l'auteur vous semble-t-elle efficace pour traiter des grandes questions humaines ?

La littérature et les arts peuvent-ils être une arme contre la guerre et contre d'autres maux ? Vous appuierez votre développement sur les textes et la photographie du corpus, les textes et les œuvres artistiques étudiés pendant l'année, ainsi que votre culture personnelle. 
Dans quelle mesure la littérature contribue-t-elle à l'éducation du lecteur ? 
Les écrivains ont-ils pour mission essentielle de célébrer ce qui fait la grandeur de l'être humain ?

Selon vous, que peut apporter à l’argumentation la beauté d’un récit ? 
     
La littérature vous semble-t-elle un moyen efficace pour émouvoir le lecteur et pour dénoncer les cruautés commises par les hommes ?


vendredi 9 novembre 2018

Mémento

Il y a trois composantes à prendre en compte dans un travail  : 

1. Les idées : elles doivent être justes, correspondre au sujet ou au texte et ne pas être déjà formulées explicitement par le sujet ou le texte.
exemple : si le sujet dit que Camus fait une plaidoirie, cela n'a pas d'intérêt que vous redisiez que Camus fait une plaisdoirie. Ce qu'il faut c'est que vous justifiez l'emploi de ce mot en l'explicitant et en montrant qu'il s'applique bien au texte. 

2. La logique des idées : il faut mettre en ordre les idées de façon logique.
exemple : si vous dites que le propos du procureur est grandiloquent, il faut mettre cette idée en rapport avec l'idée que la société domine l'individu. En effet, la grandiloquence est faite pour intimider. 

3. L'expression : il faut faire des phrases correctes et donc plutôt brèves et simples mais complètes (sujet + verbe). Ne mettez qu'une idée par phrase. Mais utilisez des connecteurs si possible, sans en abuser, par exemple des adverbes tels que "en effet" (pour amener une explication ou un argument), "mais" (pour une opposition d'idées), "donc" (pour une conséquence logique). 

Ce sont ces trois composantes que vous devez perfectionner pour bien écrire, quelle que soit la matière.  
A bon entendeur, salut...

sujets de dissertation d'annales sur le roman (faire un plan)

a) Soit le sujet présente une proposition définie (interrogation totale) et vous devez dire si cette proposition est vraie ou fausse puis éventuellement à quelles conditions elle est vraie (plan dialectique : 1. Oui, c'est vrai 2. Non, c'est faux 3. C'est vrai à certaines conditions.).
b) Soit le sujet présente une proposition indéfinie (interrogation partielle avec "pourquoi", "comment", etc.) et vous devez définir ce qui n'est pas défini dans le sujet (définir le pourquoi, le comment, etc.)
Proposition définie : La terre tourne.
Proposition indéfinie : La terre tourne dans certaines conditions. La terre tourne d'une certaine manière. (Les conditions et la manière ne sont pas définies, c'est à vous de les définir.)

1) Indiquez si les sujets suivants contiennent des propositions définies ou indéfinies.  Indiquez quel type de plan (a) dialectique ou b) explicatif) ils réclament.
2) Indiquez les parties d'un plan (en deux ou trois parties) avec un argument pour chacune. Chaque partie doit affirmer ou nier quelque chose. 
exemple : a) 1. La terre tourne (argument : pendule de Foucault) 2. La terre ne tourne pas (argument : selon Aristote la terre est immobile.)
b) Pourquoi? 1. La terre rencontre des corps. 2. Ces corps lui impriment un mouvement 3. Donc elle tourne.


Pensez-vous que l'intérêt que nous portons à un personnage de roman tient exclusivement aux aventures qu'il vit ?

Dans un roman, les personnages ambitieux sont-ils les plus intéressants ?

Un personnage de roman doit-il vivre des passions pour captiver le lecteur ?

Dans quelle mesure les lieux dans un roman nous aident-ils à connaître les personnages ?

Un personnage que l'on qualifie de secondaire peut-il avoir une fonction essentielle dans le roman ?

Dans un roman, la description des lieux environnant les personnages a-t-elle pour seule fonction de traduire les sentiments de ces personnages ? 

Quand on lit un roman, voit-on à travers les yeux du personnage ? 

Pour quelles raisons un personnage risible ou dévalorisé peut-il devenir le héros d'une œuvre romanesque ?

Pourquoi les personnages marginaux intéressent-ils les romanciers ?

Les récits de combat ont-ils uniquement pour objectif de créer des figures héroïques ?

Dans quelle mesure la lecture des romans permet-elle de connaître une période historique et une société ?

Comment, à travers les relations qu'il établit entre ses personnages, un roman peut-il construire une vision du monde particulière ?

Le romancier doit-il nécessairement faire de ses personnages des êtres extraordinaires ?


mardi 6 novembre 2018

"La Soupe et les nuages"

« La soupe et les nuages » :

Ma petite folle bien-aimée me donnait à dîner, et par la fenêtre ouverte de la salle à manger je contemplais les mouvantes architectures que Dieu fait avec les vapeurs, les merveilleuses constructions de l'impalpable. Et je me disais, à travers ma contemplation : « Toutes ces fantasmagories sont presque aussi belles que les yeux de ma belle bien-aimée, la petite folle monstrueuse aux yeux verts. »
Et tout à coup je reçus un violent coup de poing dans le dos, et j'entendis une voix rauque et charmante, une voix hystérique et comme enrouée par l'eau-de-vie, la voix de ma chère petite bien-aimée, qui disait :  « Allez-vous bientôt manger votre soupe, s... b... de marchand de nuages? »

Questions sur “La Soupe et les nuages” de Baudelaire :

1) Sur quelles oppositions est composé ce poème?
2) Relevez et expliquez les expressions désignant les nuages. Quelles figures de style le poète utilise-t-il?
3) Ce texte est-il une narration ou un discours? Argumentez votre réponse.
4) L’ironie du poète : sur qui porte-t-elle et comment se manifeste-t-elle?
5) Que signifie l’expression “marchand de nuages”?
6) Quels points communs justifient la comparaison entre les nuages et les yeux de la bien-aimée?
7) Montrez que le retour à la bien-aimée est annoncé dans le premier paragraphe et accompli dans le second.

oppositions :
1) ici/là-bas ; manger/rêver ; monstrueux/merveilleux ; rauque/charmant ; coup de poing/impalpable ; prosaïsme/poésie
2) périphrase, métaphore “fantasmagories”
3) narration : passé simple, personnages, scène dialoguée
4) la bien-aimée et lui-même (ironie : interrogation, moquerie)
5) alliance de mots : trafiquant d’impalpable cf. vendre du vent (poésie)
6) aspect lointain, impalpable, surnaturel (folle)
7) éloignement du regard et comparaison avec les yeux verts



Plan détaillé du commentaire :

1) Sens : la bien-aimée rappelle brutalement à l’ordre le poète qui admire les nuages au lieu de faire honneur à sa soupe
petite scène de la vie quotidienne
2 attitudes divergentes chez l’homme et la femme, l’un s’intéresse aux nuages, l’autre au repas, l’attention et le comportement du poète ne s’accordent pas à la situation (dîner) et à l’attente de la femme
si ma femme me donne à dîner, je dois manger, or je ne mange pas, donc ma femme est contrariée et elle se venge en me frappant et me rappelant mon devoir
contraste : douceur du poète / agressivité de la femme (« coup de poing », « sacré bougre de » (ms) hérétique, personne aux mœurs infâmes); indifférence à la soupe / intérêt pour la soupe ; affection admirative / mépris
jugement ambivalent du poète : beauté / folie  oxymore « rauque et charmante » ironie ou plutôt : tendresse pour un être qu’il domine

2) Son : « prose musicale sans rhythme et sans rime » (A Arsène Houssaye)
phrases amples, parallélisme de structure : polysyndète répétition du « et » (coordonnant en tête de phrases : effet d’enchaînement, fluidité et amplification, le « et » signale normalement la conclusion, ici la fin est repoussée)
amplification par l’emploi de l’apposition (l. 3, l. 5, l. 8 et 9)
rythme : « je contemplais (…) architectures » 12 « que (…) vapeurs » 8 « les merveilleuses (…) l’impalpable » 12 « la petite (…) verts » 12 « la voix de ma chère (…) aimée » 12 dernière phrase : 10/10
répétitions : belle, petite folle, petite, bien-aimée, voix, nuages (titre et l.10)

3) Structure : structure binaire :
2 § opposition imparfait/passé simple
sens : opposition liberté / contrainte – plaisir esthétique / satisfaction d’un besoin – extérieur / intérieur – silence / voix – donner / recevoir : elle donne un dîner, il se détourne du don, elle donne un coup (« marchand de nuages » dissociation)
parallélisme du dialogue en fin de paragraphe
enchaînement par la comparaison nuages / yeux
ambivalence : amour / haine femme belle / femme criarde impalpable / tactile

Conclusion : structure binaire dissociation (paysage, scène de genre), contraste : élévation / vulgarité valorisation positive / valorisation négative monde imaginaire / monde réel

Sur la préface de Camus

1) Analyse de la plaidoirie : 
"tout homme qui ne pleure pas à l'enterrement de sa mère risque d'être condamné à mort"
proposition universelle (tout)
cette proposition est fausse : M. est condamné parce qu'il a tué, or tous les hommes qui ne pleurent pas à l'enterrement de leur mère ne tuent pas ou n'accomplissent pas un crime.
C'est une hyperbole. Camus dit plus que ce qui est, il fait donc le contraire de son héros.
Il corrige ensuite en "ne joue pas le jeu". 
Ne pas jouer le jeu signifie pour lui ne pas mentir. Donc la société a pour norme le mensonge. 
Camus précise que mentir c'est dire ce qui n'est pas et dire plus que ce qui est. Pourquoi cette précision ? L'ajout à la réalité, le "plus", fait partie de ce qui n'est pas. Donc cette précision semble inutile, redondante. 
Cette précision sert à justifier certains propos de Meursault. Le propos sur l'ennui causé par le meurtre. M. éprouve de l'ennui et ne ment pas, l'ennui c'est moins que le regret. Au sens courant ce n'est que de la contrariété. Pas de sentiment de culpabilité douloureux comme dans le regret. 
Meursault n'a-t-il pas de conscience morale ? Ou peu de conscience morale ? Ou bien M. ne se sent-il pas responsable car son acte lui a échappé ? Il aurait réagi involontairement à l'effet du soleil. Mais même si on n'est pas responsable on peut penser à la victime, ce que M. ne fait jamais en prison. Il ne reparle plus du meurtre. 

2) Discussion de la plaidoirie : 
Pourquoi Camus n'est-il pas convaincant ? 
D'abord parce que Meursault ment quand il témoigne que la maîtresse de R. lui a manqué. Affirmer cela c'est dire plus que ce qui est. C'est présenter une hypothèse comme une certitude, donc c'est en dire plus. 
De plus, lorsque Raymond lui dit : « Maintenant, tu es un vrai copain », il répond "oui" alors que cela lui est égal, précise-t-il ensuite. N'est-ce pas en dire plus que ce qui est ? 
D'autre part, M. n'a pas la passion de l'absolu et de la vérité puisqu'il pense que toutes les vies se valent.  S'il avait cette passion, il penserait que la vie d'un homme vrai vaut plus que celle d'un menteur. S'il faut mourir pour la vérité, c'est que la vérité vaut plus que la vie. 
Quant à sa réponse au juge sur la raison du meurtre, elle semble correspondre à ce refus de l'exagération dont parle Camus. D'une certaine manière, il en dit moins que ce qui est dans sa conscience. En effet, il sait qu'il a eu une impression angoissante, il a cru que le feu allait pleuvoir du ciel. Soit c'est une hyperbole et dans ce cas M. nous en dit plus que ce qui est, il ment donc. Soit cette image représente exactement son sentiment d'angoisse et alors pourquoi n'en parle-t-il pas au tribunal ? En répondant seulement "à cause du soleil", il s'expose à l'incompréhension, voire à la réprobation des jurés. Pourquoi en dire moins que ce qu'il sait ? Pourquoi tronquer la vérité et la rendre incompréhensible ? A quoi sert de communiquer une vérité si on ne se soucie pas qu'elle soit comprise ? Si la vérité est purement personnelle et qu'elle disparaît avec celui qui la connaît, comment peut-elle valoir plus que la vie ? S'il aime tant la vérité pourquoi ne veut-il pas la partager ?  Est-ce parce qu'il pense que la société exige le mensonge ? En ce cas, pourquoi ne pas se taire ou mentir carrément et sauver sa peau ? 
Si la société veut le mensonge et que M. veut la vérité, soit il devrait se taire soit il devrait dire toute sa vérité aux jurés. Ou bien alors il est sceptique, il ne sait pas au juste la raison de son crime. Mais si c'est le cas, pourquoi parler seulement du soleil ? 
A la deuxième rencontre des Arabes, Meursault dit à Raymond : "Si l’autre intervient, ou s’il tire son couteau, je le descendrai." Soit il ment à Raymond, soit il envisage froidement la possibilité de tuer. Or il n'en parle pas au procès. Et pourtant, nous dit Camus, il "refuse de masquer ses sentiments". 
Enfin, il dit à Marie que le mot "aimer" ne "veut rien dire". C'est vrai pour lui mais pas pour tout homme. Alors pourquoi généralise-t-il ? N'en dit-il pas plus que ce qui est ?
Ces faits sont en contradiction avec la vision de l'auteur d'un héros martyr de la vérité. On ne peut pas dire que Meursault ait décidé de dire la vérité en sachant qu'il allait en mourir. Avant le procès il n'évoque jamais la possibilité d'être condamné à mort. On ne peut pas non plus dire que Meursault "accepte de mourir pour la vérité" (c'est-à-dire que sa mort serve à la vérité) puisque sa condamnation à mort est le triomphe d'une erreur : il n'avait pas l'intention de tuer, nous dit-il, or il est condamné pour homicide volontaire. Dans la deuxième partie du livre, Meursault ne fait jamais état d'un choix, d'une délibération entre mentir et dire la vérité. Il semble qu'il n'ait jamais imaginé même la possibilité de se sauver en invoquant la légitime défense. Ce n'était pas très difficile à faire admettre en maquillant un peu les faits. Il ne dit jamais qu'il a conscience de choisir la mort en disant qu'il n'a pas pleuré ou qu'il éprouve seulement de l'ennui. En effet, il ne peut pas imaginer que ces vérités puissent le conduire à l'échafaud, car il est un prévenu inexpérimenté. Tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il est honnête après le meurtre mais qu'on ne le croit pas. Et ce malentendu lui vaut la mort.
Meursault échoue à faire admettre la vérité à son procès car il en dit trop peu, il n'essaye pas de rendre les faits compréhensibles. Il ne songe pas du tout à sa défense. C'est comme si par nature son esprit ne pouvait sortir de ce qui est, comme s'il était prisonnier des limites du réel par une sorte de fatalisme. Camus précise que la vérité dont il a la passion est négative, c'est "la vérité d'être et de sentir". Ce serait donc une vérité de la sensation et du monde extérieur, une traduction du sensible qui n'est pas élaboré par la réflexion. Une version tellement brute du fait physique qu'elle en est parfois incompréhensible et qu'elle peine à être traduite en mots. Au lieu de dire "aimer", il dit "j'ai envie", parce qu'il sent le désir sexuel, il se contente de la réalité physique. Meursault nous dit : "j’avais une nature telle que mes besoins physiques dérangeaient souvent mes sentiments." Sa vérité se limite à la perception immédiate, elle n'est pas construite par le raisonnement. C'est en ce sens qu'elle est pour Camus négative. Sa vérité c'est "j'ai chaud", "j'ai mal, "j'ai envie", "j'ai fait un pas", des fragments de réalité détachés les uns des autres et que ne relie pas le fil d'une intention, d'un projet. Des fragments que ne lient pas une logique, car on veut donner l'impression de l'absurde. Ces fragments sont souvent énigmatiques comme le "à cause du soleil" ou le "c'est un malheur" de Céleste, un homme qui ressemble à Meursault par son laconisme et son impuissance à expliquer. De quel malheur parle-t-il ? De celui de Meursault ou de celui de la victime ou des deux ? 
Il arrive tout de même que Meursault raisonne et se lance dans une argumentation, qu'il fasse entorse à son principe d'en dire moins. C'est avec l'aumônier, à la fin. Il a l'air de crier sa vérité : "J’avais vécu de telle façon, dit-il, et j’aurais pu vivre de telle autre. J’avais fait ceci et je n’avais pas fait cela. Je n’avais pas fait telle chose alors que j’avais fait cette autre." Bon. Il affirme la contingence, le hasard, l'absurdité. Mais un peu plus loin il ajoute : "Que m’importaient la mort des autres, l’amour d’une mère, que m’importaient son Dieu, les vies qu’on choisit, les destins qu’on élit, puisqu’un seul destin devait m’élire moi-même et avec moi des milliards de privilégiés". Là, il affirme la nécessité, celle de la mort. Et cette seule nécessité dévalorise tout le reste. Peu importe qu'on choisisse sa vie, dit-il, puisqu'on doit la perdre nécessairement. Donc il tire un trait sur la vie. Elle ne vaut rien. Mais alors, que vaut la "passion" de la vérité ? Rien non plus.
Conclusion :
La plaidoirie de Camus nous paraît donc exagérée. D'une part parce que Meursault ment parfois, d'autre part parce qu'il ne fait pas le choix de mourir pour la vérité. On ne voit pas bien d'ailleurs pourquoi il vaudrait la peine de mourir pour ne pas dire "je t'aime" ou "je regrette" et pour s'en tenir à des expressions qui n'ont guère plus de sens, des expressions telles que "à cause du soleil" ou "j'éprouvais un certain ennui". Si une vie dans la vérité ne vaut pas plus qu'une autre, si la vérité se limite à la sensation souvent à peine exprimable, si donc elle ne se partage guère, et si la vérité ne va pas jusqu'à la volonté et au projet, à quoi bon la désirer avec tant de "passion" ? Meursault n'est pas un martyr de la vérité, il est trop passif pour mener un combat, pour essayer d'imposer une conviction. Il vit dans la sensation et l'habitude, sa vérité est effectivement très pauvre, c'est le quotidien avec quelques plaisirs sans aucune quête.

lundi 5 novembre 2018

"Le Joujou du pauvre"

"Le Joujou du pauvre" : 


Fiche bac français :

I : Introduction

- Charles Baudelaire : poète fr du 19ème siècle
- Auteur des Fleurs du mal (recueil de poèmes en vers)
- vie de Bohème (vie instable, qui n’est pas conforme aux normes sociales
- endetté
- publication posthume du Spleen de Paris en 1869
- partage un peu de sa vie avec Jeanne Duval (une actrice)
- post-romantisme (écrit ces textes à la fin du romantisme)

- Spleen de Paris, 50 poèmes en prose et 1 poème en vers (l’épilogue, le dernier poème du livre)
- poèmes sur la vie parisienne au temps de Baudelaire
- Spleen  = ennui, dégoût de la la vie, mélancolie
- Baudelaire s’est inspiré de Gaspard de la nuit d’Aloysius Bertrand (premier recueil de poèmes en prose)
- Gaspard de la nuit = vie au moyen-âge, Spleen de Paris = vie moderne au temps de Baudelaire

- Comment le poète développe une vision de l’enfance et de l’égalité ?
A : vision de l’enfance
B : l’égalité entre les hommes

II : Développement

A : vision de l’enfance
- poème composé en deux parties, 1er paragraphe: le discours (l’énoncé de réflexion jusqu’à « se défier de l’homme ») 2ème paragraphe : le récit (action rapportée par un narrateur)
- narrateur est l’auteur du discours de la première partie
- discours=1er personne « je » que l’on trouve en tant que 1er mot du texte, discours=présent de l’indicatif,  discours/récit
- discours=futur de l’indicatif=description d’une expérience que le poète propose au lecteur
- Cette expérience tt le monde peut la faire : offrir des jouets très bon marché à des enfants pauvres pour voir leurs réactions
- réaction : de convoitise, de crainte par rapport à l’adulte et puis la fuite de l’enfant lorsqu’il a attrapé le jouet
- dans ce poème : 2 marmots un riche et un pauvre 
- le pauvre montre son rat en cage=fabriqué sûrement par son père
- le riche et le pauvre jouent ensemble au jeu du pauvre qui est plus amusant que le jouet du riche

B : L’égalité entre les hommes
- Opposition : inégalité entre les deux enfants et les décors dans lequel chacun se trouve
- opposition sociale, un enfant riche l’autre pauvre (individu paria, classe sociale la plus basse)
- Décalage entre le discours et le récit : discours = amusement, récit = il ne se passe pas les choses décrites dans le discours
- on aurait dû avoir une illustration de cet amusement dans la deuxième partie (le récit)
- Pourquoi le récit ne reprend pas l’idée du discours ?
- 1e raison: Baudelaire s’est servi d’un texte qu’il avait écrit antérieurement : "La Morale du joujou", il a donc repris des idées de ce texte
- 2ème raison: Baudelaire n’a surement pas voulu que le discours coïncide avec le récit pour surprendre le lecteur, il ne voulait pas que la 2e partie soit un décalque de la 1e
- Question de l’inégalité entre ces deux enfants, elle apparait avec :
- l’opposition sociale (riche/pauvre), le décor (château et le parc/la route avec les chardons et les orties)
- Entre les deux la grille aux barreaux (symbolique)
- opposition de l’apparence des enfants : d’un côté enfant beau et frais (adjectifs mélioratifs) de l’autre un enfant sale, chétif et fuligineux (noir de saleté) (adjectifs péjoratifs)
- l’opposition de l’apparence des enfants est très décrite : pour le pauvre (« répugnante patine de la misère », patine=aspect poli et bruni d’une surface à l’usure), pour le riche (« vêtements de campagne si pleins de coquetterie », cet élément va avec la beauté et la fraicheur de l’enfant) Les vêtements de l’enfant pauvre ne sont même pas décrits car ils n’ont aucune valeur, ils sont sales.
- opposition lumière/noirceur, Lumière : château « frappé par le soleil »/noirceur « fuligineux », enfant riche=clarté, enfant pauvre=noirceur
- opposition jouets des enfants, jouet de l’enfant riche=splendide, frais comme son propriétaire (« vernis, doré, vêtu d’un robe pourpre »)/jouet de l’enfant pauvre=laid, sale (rat dans une boite grillée)
- Cette opposition de classe sociale évolue pendant toute la deuxième partie du texte (le récit), nous pouvons voir que le jouet du riche n’intéresse personne.
- Joueur et jouet, chacun exerce un pouvoir sur l’autre, comme le riche et le pauvre, le rat et l’enfant, et la blancheur des dents rappelle l’innocence du jeu.
La dernière phrase montre l'égalité naturelle. Baudelaire a choisi des enfants car ils sont plus proches de la nature, moins sensibles aux différences sociales

III : Conclusion
- poème en deux parties (discours et récit)
- les deux parties sont décalées 
- Renversement = (première partie = adulte/enfants, riche/pauvres et convoitiuse du pauvre// 2e partie = 2 enfants et convoitise du riche)
- Baudelaire nous fait comprendre que les hommes sont naturellement égaux, il se sert de deux enfants innocents pour montrer cette inégalité
- les enfants sont moins formatés par la société, ils font moins attention à la différence sociale 



Rédaction d'un axe :

Une vision de l’enfance se dégage-t-elle de ce poème? Voyons voir. Que nous montre Baudelaire? Une expérience : il est facile de susciter le désir et la joie d’un enfant, surtout s’il est pauvre. Tout le poème tourne autour du plaisir innocent, du rapport à l’adulte et d’une différence sociale. Déroulons ces trois fils tour à tour.
Le plaisir apparaît dans les yeux émerveillés (l.12) et dans le rire qui prend le petit riche et le souillon. Il couronne un désir : convoitise sensible dans le geste d’agripper “vivement” et dans le regard fasciné du petit riche. Peu importe la valeur marchande de l’objet. Jouet d’un sou (l.6) ou rat encagé, la joie tient à autre chose qu’au prix. Ce qui est admirable et plaisant, c’est la chose qui étonne, dont on n’a pas l’habitude. La poupée coûteuse n’intéresse pas le riche. Le pauvre la voit-il? Le poète ne le précise pas. La nouveauté, la rareté excitent l’intérêt. Les enfants de ce poème aiment ce qui sort de l’ordinaire, ce qui dépasse leur expérience quotidienne. Un joujou est fait pour cela : donner l’envie de vivre de nouvelles expériences, telles que siffler dans la queue d’un cheval ou agacer un rat. Animal ou objet, le jouet est soumis à l’imagination et à la volonté de l’enfant. D’une certaine manière, le riche n’est-il pas le jouet du pauvre qui rit de l’étonner?
L’adulte, dans le texte, c’est le poète, c’est le lecteur, ce sont aussi les parents du pauvre (l.46). Dans la partie discursive, l’adulte joue avec l’enfant. Il s’amuse à le tenter et à satisfaire son désir. L’enfant procure un divertissement. Mais ce jouet est sauvage. Il s’enfuit, il a peur de l’adulte. Le poète le compare à un chat. Ce chat annonce le rat. La distance avec l’adulte est tout de suite rétablie. Ce n’est qu’entre les enfants que cette distance disparaît.
En l’occurence, il s’agit d’une distance sociale. La partie narrative insiste sur l’opposition entre deux classes, entre le château et la grande route. Les deux enfants manifestent cette opposition mais celle-ci se réduit à mesure que le texte progresse. L’enfant pauvre n’est repoussant qu’en apparence. La saleté cache à peine sa beauté. Et surtout, les deux enfants partagent un même rire. Leurs désirs se rencontrent et augmentent leur plaisir. On a l’impression d’un face à face en miroir qui redouble la joie. La distance sociale, créée par les adultes, a disparu.
En somme, Baudelaire nous montre l’enfant dans un monde à part, celui du désir et du plaisir, un monde qui réussit à ignorer l’adulte et la société. C’est le monde du joujou que l’on convoite, saisit, possède. Joueur et jouet, chacun exerce un pouvoir sur l’autre, comme le riche et le pauvre, le rat et l’enfant, et la blancheur des dents rappelle l’innocence du jeu.