jeudi 30 mai 2019

La tirade sur l'hypocrisie (Dom Juan, V, 2)


Dom Juan Acte V scène 2 (L’apologie de l’hypocrisie)
I : Introduction
- Molière : auteur dramatique, directeur de troupe, metteur en scène, acteur
- reçoit une pension royale
- une fois de plus les dévots censurent une partie de Dom Juan
- la pièce va être réécrite pour être « politiquement correct »
- première représentation de la pièce devant le roi : 1665
- Molière a écrit rapidement cette pièce pour remplacer Tartuffe
- Molière a repris un personnage existant, le créateur de Dom Juan est Tirso de Molina un auteur espagnol (1620)
Résumer brièvement les actes précédents
- Quelles sont les raisons d’être de cette tirade ?
A : L’art de la rhétorique de DJ
B : La portée polémique de la tirade

II : Développement
A : L’art de la rhétorique de DJ
- DJ a besoin d’une tirade pour développer son argumentation
- Emploi de figures de style : personnification : « vice privilégié, qui de sa main, ferme la bouche », métaphores : « un bouclier du manteau de la religion », « rhabillé », « abri » contribuent à l’efficacité de sa parole
- Emploi du pronom « on » et usage de tournures impersonnelles (parce que ce sont des vérités générales on = tout le monde)
- Termes appréciatifs : « le meilleur », « merveilleux », « sage esprit »
- Emploi du subjonctif pour le superlatif : ex : « qu’on puisse »
- Présent de vérité générale
- Formules sentencieuses « qui en choque un, se les jette tous sur les bras »
- Question rhétorique : « Combien crois-tu que j’en connaisse » (pas une vraie question)
- Références + ou - implicites aux dévots « les gens du parti », « toute la cabale », « zélés indiscrets »
1e partie de la tirade : argumentation : thèse : il faut être hypocrite
Arguments :
1. ce n’est pas honteux car c’est à la mode
2. l’hypocrisie présente plusieurs avantages :
- On n’ose pas attaquer ce vice
- On est défendu soutenu par tous les dévots les faux et les vrais solidarité
- Beaucoup de gens ont utilisé ce vice pour être impunément méchants
3. c’est sage de s’adapter à son siècle
2e partie de la tirade : emploi du « je » et du futur : projet d’appliquer le principe de l’hypocrisie : stratégie de défense
La meilleure défense c’est l’attaque :
« Je m’érigerai en censeur des actions d’autrui », « je pousserai mes ennemis, je les accuserai d’impiété »
B : La portée polémique de la tirade
- Dans cette tirade 3 critiques différentes sont faites :
- critique de l’hypocrisie : longue critique de son pouvoir social (1ère partie de la tirade), et de son immoralité (2ème partie de la tirade), Diptyque avec la scène 1 de l’acte V : l’effet précédé la cause, DJ fait fonctionner les signes dévots avant d’en faire l’analyse, c’est un véritable pamphlet = expression contestataire
- critique des faux dévots : allusion à la censure explicite et à la cabale contre Tartuffe
- critique sociale : image cinglante de la société du 17ème siècle où « tous les vices à la mode passent pour vertu »
- Il y a aussi un langage théâtral = l’hypocrite est un comédien, la société est un théâtre (mise en abyme) : champ lexical du théâtre : « jouer », « grimaces », « stratagèmes », « singe »
- mimiques du comédien : « quelque baissement de tête, un soupir mortifié, et deux roulements d’yeux »
III : Conclusion
- choix dramaturgique = volonté de Molière de condamner la fausse dévotion et désir de refonder la société sur la sincérité et la vertu
- Faux dévot = faux signes d’une relation avec le divin

mercredi 29 mai 2019

Sur le texte de Cyrano

Voici l'exposé d'Axelle et Antion (revu et corrigé) suivi d'une analyse de l'argumentation :

1) Ce commentaire portera sur un extrait de L’autre monde ou Les Etats et empires de la lune datant de 1650. L’auteur de ce roman est de son nom complet Savinien Cyrano de Bergerac. Cyrano est un écrivain français né à Paris et mort le 28 juillet 1655 à Sannois. Le roman a été publié deux ans après la mort de Cyrano par son ami Henry Le Bret. Le commentaire s’appuiera sur trois axes le premier sera la thèse défendue, le deuxième sera l’argumentation et le troisième la contre-argumentation. Tout en répondant à la problématique suivante : Comment l’argumentation apparaît-elle dans cet extrait ?
Tout d’abord l’extrait est un dialogue entre Cyrano et un autre personnage débattant sur la thèse suivante: “Existe t-il un Dieu ou pas ?” Ce dialogue est écrit à la première personne d’un point de vue interne. Le narrateur est à la fois auteur et personnage. Car Cyrano est l’auteur de ce récit et se met lui-même en scène sans changer de nom. Les opinions sont réparties par personnage, Cyrano pense que Dieu existe et l’autre personnage pense que non.
Cyrano apparaît en situation de faiblesse par rapport à l’autre personnage et manque de répartie :  “Eh ! je n’ai rien à répondre…” L.1 L’extrait laisse donc supposer que le débat, voire la joute verbale, a déjà débuté bien avant le début de l’extrait. C’est un débat entre un religieux et un non religieux.
Le postulat de départ pour Cyrano est que Dieu existe. Il utilise d’abord un argument d’autorité en évoquant « les démonstrations évidentes dont se sont servis les philosophes pour l’établir ». « Je ne m’amuserai point, lui dis-je, à vous réciter les démonstrations évidentes dont les philosophes se sont servis pour l’établir : il faudrait redire tout ce qu’ont jamais écrit les hommes raisonnables. » Pour Cyrano c’est utile de croire, cela ne coûte rien et c’est une certaine sécurité dans le cas où Dieu existerait. « Puisque donc il est impossible d’en tirer que de l’utilité, que ne vous le persuadez-vous ? »
Cyrano essaye de défendre sa croyance mais reste faible sur ses positions et à est court d’arguments. On sent qu’il ne trouve pas de raisons valables de croire.
Pour Cyrano ne pas croire serait désobéir au précepte divin. « Car s’il y a un Dieu, outre qu’en ne le croyant pas, vous vous serez mécompté, vous aurez désobéi au précepte qui commande d’en croire… »
L’autre personnage rejette l’argument de la désobéissance car cet argument est déduit d’une hypothèse qui reste à démontrer. “N’allez pas si vite, me répliqua-t-il, vous en êtes déjà à « Dieu l’a dit » ; il faut prouver auparavant qu’il y ait un Dieu, car pour moi je vous le nie tout à plat. “  L 1-2
Dès sa première réplique on constate que l’adversaire de Cyrano ne croit pas en Dieu, il attend des preuves, une utilité.
Pour lui il est impossible de désobéir à quelque chose dont on ignore l’existence, selon lui il est impossible de pécher car il faut le savoir ou le vouloir.
Si fait, me répondit-il, j’en serai mieux que vous, car s’il n’y en a point, vous et moi serons à deux de jeu ; mais, au contraire, s’il y en a, je n’aurai pas pu avoir offensé une chose que je croyais n’être point, puisque, pour pécher, il faut ou le savoir ou le vouloir.” L 6-8
Par ailleurs, il montre sa supériorité sur Cyrano car il explique que si Dieu n’existe pas alors il est mieux que lui. “Si fait, me répondit-il, j’en serai mieux que vous, car s’il n’y en a point…”
Il se montre même injurieux envers Dieu “sot” et  “malicieux”.
Selon lui Dieu est fautif de son incroyance car il n’est pas doté d’organes et d’esprit capable de le comprendre. “Et si, au contraire, il m’eût donné un esprit incapable de le comprendre, ce n’aurait pas été ma faute, mais la sienne, puisqu’il pouvait m’en donner un si vif que je l’eusse compris.” Comme il n’y a aucune preuve de son existence, c’est que Dieu n’a pas voulu que l’homme connaisse avec certitude son existence.


2) Dans les lignes précédentes, Cyrano et son interlocuteur ont débattu de la résurrection. Son interlocuteur n’y croit pas.
Cyrano répond par ce syllogisme : 1. Dieu ne peut mentir. 2. Or Dieu a dit que la résurrection existe. 3. Donc, la résurrection existe.
L’interlocuteur objecte que ce syllogisme a un préalable non démontré : l’existence de Dieu.
Cyrano répond par un argument d’autorité en évoquant les démonstrations des philosophes. Mais au lieu de refaire une démonstration de l’existence de Dieu, il renonce à prouver cette existence et il change de question. Il ne s’agit plus d’établir si Dieu existe ou pas mais de savoir s’il est plus avantageux d’y croire ou pas (c'est là la problématique pascalienne du pari).
Alors, il invoque l’absence d’inconvénient de la croyance en Dieu. Pour lui absence d’inconvénient signifie utilité (ce qui est faux puisqu’une chose dépourvue d’inconvénient peut être inutile).
Cyrano ajoute un troisième argument. Son raisonnement est le suivant (la deuxième proposition est une hypothèse) : 1. Vous ne croyez pas en Dieu. 2. Or Dieu existe. 3. Donc vous vous trompez et vous lui désobéissez.
Si l’on prend l’hypothèse contradictoire (pour la mineure) cela donne : 1. Idem. 2. Or Dieu n’existe pas. 3. Vous n’avez aucun avantage sur le croyant.
L’athée répond : Si Dieu n’existe pas nous serons à égalité (« à deux de jeu »). Il est donc d’accord sur la conclusion du dernier syllogisme de Cyrano. Mais il n’est pas d’accord avec le syllogisme précédent (hypothèse : Dieu existe). En effet, dit-il, on ne peut désobéir à quelqu’un dont on ne connaît pas l’existence.
L’athée ajoute un autre argument : Si Dieu existait et qu’il était utile de croire, alors Dieu nous aurait donné les moyens de croire (il sous-entend que Dieu est bon par définition et que donc il ne peut vouloir nous priver d’un avantage). L’athée montre ainsi que Cyrano a tort d’affirmer l’utilité de la croyance. En effet, en affirmant qu’il est utile de croire, il contredit l’existence de Dieu puisque Dieu dans sa bonté ne pourrait priver les hommes de croyance. L’athée utilise donc un argument ad hominem : il se sert de l’argument de l’utilité de Cyrano pour contredire la thèse de l’existence de Dieu. Il montre ainsi que Cyrano s’est pris à son propre piège en invoquant l’utilité de la croyance. En effet cela revient à dire : Dieu existe parce qu’il est avantageux de le penser et Dieu n’a pas donné à tous les hommes cet avantage donc soit Dieu n’existe pas soit il n’est bête ou méchant, ce qui revient à dire qu’il n’existe pas en tant qu’être parfait. On ne peut pas soutenir à la fois qu'il existe un Dieu bon et qu'il est utile de croire en lui, c'est une contradiction puisque tous les hommes ne croient pas en lui.

lundi 27 mai 2019

Exposé d'élève sur la tirade sur l'hypocrisie

Commentaire de texte : Dom Juan Acte V Scène II
INTRODUCTION :
Dom Juan est une tragi-comédie de Molière, jouée pour la première fois au théâtre, au Palais Royal, le 15 février 1665. La pièce est représentée 15 fois et remporte un vif succès.
Mais cependant, Molière s’étant attaqué à la religion, par le personnage de Don Juan, le parti des dévôts organise une cabale contre la pièce et son auteur et fait interdire la pièce qui ne sera rejouée.
Dom Juan, est un grand seigneur de Sicile. Il se considère comme athée et est fier de son libertinage Une seule femme ne lui suffit pas, et après avoir épousé Done Elvire, il s’empresse de l’abandonner pour aller séduire d’autres femmes, dont Charlotte et Mathurine (Acte II scène 4).
Don Juan a fait croire à son père qu’il s’était converti à la religion. Il s’agit d’une comédie. Cependant, il prétend avoir compris les leçons passées et il semble revenir dans le droit chemin. Son père est tout heureux de cette conversion. Nous-mêmes, en tant que spectateurs pourrions être convaincus.
Il s’agit d’un simulacre et Don Juan n’a en fait aucune intention de se convertir. Il continue à penser en libertin et reste athée (1). Intérieurement, ses dispositions n’ont pas changé.
Dans cette tirade Don Juan avoue à son valet, Sganarelle qu’il a menti à son père. Il explique à son fidèle valet les raisons qui l’ont amené à choisir l’hypocrisie.
Tout d’abord, nous verrons comment Don Juan manie l’art de la rhétorique, et ensuite nous analyserons l’éloge qu’il fait de l’hypocrisie.
I : Don  Juan maître du langage

Don Juan avoue à Sganarelle qu’il a décidé de pratiquer l’hypocrisie pour être tranquille. Il veut rester maître de sa vie sans personne pour lui dicter sa conduite.
Maître de la rhétorique, Don Juan est sûr de lui et ses arguments semblent irréfutables :
Tout d’abord il tente de persuader son interlocuteur et le public. Il s’adresse à Sganarelle et lui dit clairement ce qu’il pense. Il parle de la cabale, ces "gens du parti" (les dévots) qui jouissent d’une tranquillité, car ils sont devenus maîtres dans l’art de l’hypocrisie. Il demande à son valet « combien crois-tu que j’en connaisse, qui, par ce stratagème, ont rhabillé adroitement les désordres de leur jeunesse » et qui sont selon Don Juan, sont « les plus méchants hommes du monde ? ».
Afin de renforcer son argumentation, Il utilise également le présent de vérité générale et généralise avec des termes comme « tous », « il », « l’homme de bien », « ceux ». Afin de renforcer la généralisation, il s'exprime par ailleurs avec des aphorismes (proverbes) tel que « qui en choque un se les jette tous sur les bras » ou « c’est ainsi qu’il faut profiter de la faiblesse et qu’un sage d’esprit s’accommode des vies de son siècle ». Sûr de ses propos, il crée des images fortes chez le spectateur à l’aide de nombreuses métaphores, comme par exemple « grimaces », « les singes  », "le manteau". Ces images renforcent son idée de l’hypocrisie.

II : L’éloge de la l’hypocrisie

Au début de la tirade, Don Juan cherche à prouver les vertus de l’hypocrisie qui constitue selon lui un véritable stratagème pour vivre en paix.
Selon Don Juan, cette conversion est un moyen de se protéger dans la société.
Pour être tranquille il suffit de jouer un personnage, il peut ainsi « mettre en sûreté » ses « affaires ».
Lorsque Don Juan s’adresse à Sganarelle, au début de cette tirade il énonce des idées générales avec notamment le pronom indéfini « on ». Il fait passer l'hypocrisie pour une vertu : "tous les vices à la mode passent pour vertus". Selon lui, utiliser l’hypocrisie est un « abri favorable ». Il va même plus loin encore en décidant de s’ériger comme « censeur ». De cette manière, il serait totalement libre de vivre comme il l’entend, sans que personne ne le juge dans sa conduite où il se sent tout puissant.
Dans son siècle, tout le monde l’adopte et il ne voit pas pourquoi lui ne pourrait pas utiliser ce qu’il qualifie de « profession ». Il confirme son argumentation en élevant l’hypocrisie au rang de « vice privilégié qui de sa main, ferme la bouche à tout le monde ». Il se considère comme pas plus condamnable qu’un autre et il semble normal qu’il soit lui aussi hypocrite. Il se considère au-dessus du ciel et se verrait bien en « vengeur des intérêts du ciel ». Dans cette tirade, de nombreux termes mélioratifs et des hyperboles renforcent les effets de l’hypocrisie.
Il joue le « meilleur de tous les personnages », il obtient de « merveilleux avantages ». C’est un art, un vice privilégié, un abri favorable.
L’hypocrisie (toujours selon Don Juan) est un art qui inspire le respect. L’hypocrite peut agir en toute liberté car pratique crée des liens avec la société : « on lie (...) une société étroite avec tous les gens du parti ». Il traite les faux dévots de « plus méchants hommes du monde ». Il démontre qu’en se mettant à l’abri, grâce à l’hypocrisie il pourra continuer son libertinage sans être jugé ou condamné par la société.
Il considère de plus qu’un « sage esprit » comme lui doit s’accommoder du vice de son siècle et en tirer tous les avantages. Il est conscient de l’immoralité de ses actes, cela ne l’empêche pas de se proclamer « censeur » des actions d’autrui. 

Conclusion :
Dans cette tirade, Molière met en scène une personne qui a l’art de manier les mots et qui prononce un discours contraire aux valeurs traditionnelles. Il choisit ouvertement de bafouer la religion mais également de jouer hypocritement le rôle du dévot. Sur le plan humain, il atteint le sommet de la scélératesse. Cette tirade se présente comme un éloge, mais elle permet surtout à Molière de critiquer la société de son temps et notamment de s’attaquer aux dévots. Le Tartuffe avait été interdit par les dévots et Dom Juan subira le même sort. 
(1) Pour rappel, le clergé et les dévots condamnent et persécutent les libertins. Louis XIV n’aimait pas non plus les libertins pour des raisons politiques.
Un acte de libertinage pouvait être sanctionné par la prison, l’exil ou le bûcher.
En 1629, le clergé et les dévots avaient fondé la Compagnie du Saint Sacrement. Cette association dissoute en 1665, groupait des laïcs et des ecclésiastiques. Certains grands noms comme Bossuet, Anne d’Autriche… Cette société pieuse était soutenue par le pape. Elle se voulait charitable, philanthropique, apostolique, moralisante. Elle accueillait les malheureux. Des hôpitaux généraux avaient été construits
Louis XIV se méfiait de la puissance de la Compagnie du Saint Sacrement, mais comme sa mère Anne d’Autriche en faisait partie, et parce qu’il devait soutenir certaines personnalités du royaume il n’avait pas le choix et il devait composer.
Elle se comportait comme une véritable cabale : cette association se livrait à des complots et on l’appelait la Cabale des dévots.

jeudi 16 mai 2019

Dom Juan, acte III, scène 2


Fiche bac français : Dom Juan, 2ème extrait Acte III scène 2 (La rencontre du Pauvre)
I : Introduction
- Molière : auteur dramatique, directeur de troupe, metteur en scène, acteur
- reçoit une pension royale
- les dévots censurent une partie de Dom Juan
- la pièce va être réécrite pour être « politiquement correcte »
- première représentation de la pièce devant le roi : 1665
- Molière a écrit rapidement cette pièce pour remplacer Tartuffe
- Molière a repris un personnage existant, le créateur de Dom Juan est Tirso de Molina, un auteur espagnol (1620)

- SG présente DJ à Gusman
- Dispute entre DJ et Don Elvire
- Dialogue entre Pierrot et Charlotte, sa fiancée
- DJ aperçoit Charlotte et lui fait la cour puis, la cour à son amie, en présence de SG
- Des hommes recherchent Don Juan, qui s'enfuit en échangeant ses vêtements avec SG
- Discussion de SG et DJ au sujet de leurs croyances
- Le pauvre est un ermite (= homme pieux qui subsiste grâce aux aumônes).
- Forêt : Lieu de perdition : 2 sens : - perdre son chemin, son argent
                                                          - perdre son salut (de l’âme)

- Comment la scène développe-t-elle une arithmétique de l’échange ? (cette scène = calcul = échange = équitable)
A : La progression dramatique de la scène
B : L’opposition entre foi et raison
II : Développement
A : La progression dramatique de la scène
- scène = bcp d’échanges entre DJ et le pauvre
- 1er échange : Sganarelle demande le chemin au pauvre. Le pauvre lui indique le chemin et prévient SG et DJ qu’il y a des brigands qui rôdent.
- 2ème échange : DJ le remercie et lui dit qu’il est son obligé
- Alors le pauvre lui demande une aumône.
- Reproche de DJ puis justification du pauvre qui explique l’arithmétique de l’échange pour lui (échange triangulaire : riche > pauvre > Dieu > riche).
- Irritation de DJ qui ne veut pas faire affaire avec Dieu. DJ essaie donc de convaincre que le système ne peut fonctionner car selon lui Dieu n’existe pas :
- 1er argument : Pourquoi ne pas demander à Dieu de l’aider sans passer par un intermédiaire ? SG intervient et rappelle que DJ ne croît qu’en 2 et 2 font 4.
- DJ utilise la maïeutique de Socrate : au lieu de chercher la confrontation, il pose des questions pour lui faire prendre conscience tout seul de l’absurdité de sa croyance.
- 2e argument : « Tu te moques : un homme qui prie le Ciel tout le jour ne peut pas manquer d’être bien dans ses affaires ».
- Réaction du pauvre : Il n’a pas bien compris et ne fait que répéter ce qu’il a dit
- 3ème échange : 1 Louis d’or = 200 euros, le pauvre est très pieu et très misérable, il est dans un dilemme : « Soit j’ai un louis d’or avec lesquels je vie pendant des mois mais je fais un péché mortel soit je sauve mon âme et je reste dans le mystère »
- DJ est un joueur, il joue avec le vieil homme, il veut forcer le pauvre à renier dieu
- Pour amener le pauvre à pécher, il répète plusieurs fois son incitation (4x le verbe jurer à l’impératif)
- Mais le pauvre ne pèchera pas
- DJ au final lui donne le louis d’or par amour de l'humanité
- L’échange dans cette scène fait monter la pression
B : L’opposition entre foi et raison
- Opposition, pauvre = foi, DJ = la raison
- Les deux parties ne sont pas égales, inégalité sociale = influence
- Marché de DJ pas équitable, 1 louis d’or contre le châtiment éternel
- Pauvre résiste et rejette la tentation (comme le Christ dans la Bible, dans le désert où il est tenté par Satan)
- DJ modifie le marché pour marquer son athéisme, il fait un don pour l’amour de l’humanité (donne le louis d’or)
- amour de l’humanité = philanthropie (morale qui remplace Dieu par l’homme, les humains doivent s’entraider)
- C’est pour cela que cette scène a été censurée = tentation de Satan
- Cette scène est donc un affrontement entre un libertin et un croyant
- DJ est cynique, il joue avec la pureté du pauvre et profite donc de sa supériorité pour tenter de briser sa foi
III : Conclusion
- Cette scène très célèbre malgré sa brièveté
- elle a fait scandale => impiété
- Elle a été censurée.
- Dom Juan va prendre un visage plus sympathique à la fin de la scène mais reste odieux toute au long de celle-ci.

Commentaire de l'extrait de Rousseau


Rousseau, Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes, II, 1755
Introduction : Rousseau est un philosophe et écrivain du XVIIIe. Il est l’auteur d’une autobiographie, de 2 discours (œuvres philosophiques), musicien. Il est avec Voltaire et Diderot le personnage le plus célèbre des Lumières. Il a connu Hume. L’objet du discours est d’expliquer les raisons de l’inégalité parmi les hommes (Causalité). Dans cet extrait, l’auteur nous montre comment l’homme sort de l’état de nature pour arriver à l’état social grâce à l’apparition de l’agriculture et donc qu’il faut posséder des terres ce qui entraîne l’apparition de la propriété puis des lois.
Développement : Deux parties = 2 § ((car il faut suivre l’ordre logique du texte pour montrer son argumentation, sa thèse est que l’inégalité matérielle est inévitable dans la société humaine alors que la loi garantit l’égalité des droits)
1) Selon Rousseau, la propriété est la cause des lois dans la société. La causalité est une succession nécessaire, or Rousseau pense qu’il y a une succession nécessaire de l’apparition de l’agriculture à celle de la propriété et ensuite à celle des lois, donc Rousseau affirme une relation de causalité entre ces trois moments, ce qu’indique l’expression « s’ensuivit nécessairement » l.1. Il dit donc que l’agriculture est la condition suffisante de la propriété et la propriété la condition suffisante des lois. (condition suffisante = il suffit qu’il y ait agriculture pour qu’il y ait obligatoirement propriété, etc.) Mais ensuite il dit que la propriété est la condition nécessaire des lois (« pour rendre à chacun le sien, il faut que chacun puisse avoir quelque chose ») le mot « car » n’est donc pas justifié en fait puisque la condition nécessaire n’est pas une condition suffisante (ex. Il est nécessaire que vous ayez un bien pour qu’on vous le vole mais ce n’est pas suffisant)
Ensuite Rousseau ajoute (« de plus ») que l’homme en devenant propriétaire prend conscience de la possibilité d’être dépouillé de ses biens par autrui en représaille (« il n'y en avait aucun qui n'eût à craindre pour soi la représaille des torts qu'il pouvait faire à autrui »)
Il explique que le travail de l’agriculteur fonde la propriété des récoltes et des terres, il reprend là le postulat de Locke selon lequel la seule origine de la propriété est le travail (exemple des glands qu’un homme ramasse, la cueillette est un travail qui confère un droit de propriété sur des produits de la nature tels que les glands)
Il ajoute une preuve historique dans la Grèce antique Grotius : philosophe, l’un des premiers théoriciens du droit naturel. (droit = garantie légale d’un bien moral ou matériel ex. la liberté est un bien garanti par la loi mais dans l’état de nature il n’y a pas de loi humaine, il n’y a que la loi naturelle (la loi de la raison) donc un droit naturel est une garantie rationnelle d’un bien donné par la nature)
Cérès (déesse de l’agriculture pour les romains) : divinité, déesse de l’agriculture.: Les Thesmophories (fêtes grecques en l’honneur de Déméter) commémoraient Déméter (déesse de l’agriculture pour les Grecs = Cérès à Rome) Thesmophoros signifie en grec "celle qui a apporté les lois", pour les grecs agriculture = législation (lois)
2) Rousseau pense comme Hume que les différences de talents ou de travail entre les hommes rompent l’égalité du partage initial (« le plus fort faisait plus d’ouvrage », etc.). Il ajoute qu’il y a aussi des différences de besoin dans la société (le fer
peut être plus demandé que le pain et prendre plus de valeur) c’est ce qu’il appelle l’inégalité de « combinaison » l.21 ou l’inégalité créée par les différences «des circonstances» l.22, et qu’on appellerait aujourd’hui l’inégalité du marché (créée par le rapport entre l’offre et la demande)
Donc, d’après l’auteur, il y a 3 étapes : 1. agriculture 2. propriété 3. lois
Rousseau dit que le travail entraîne la propriété. Entre l’étape 1 et 2, le travail intervient. Entre l’étape 2 et 3, c’est la justice (sentiment et règles du droit) qui intervient. Pour ce deuxième passage, il s’agit du respect de la propriété de chacun. La justice s’établit ici entre des hommes égaux non pas du point de vue de la possession mais du point de vue de leurs droits. On peut se poser une question : Que signifie l’égalité des hommes du point de vue des droits à la propriété alors que du point de vue de la possession ils sont inégaux?
Réponse : le droit est la garantie légale d’un bien mais ce n’est pas le bien lui-même (la possibilité d’être propriétaire est garantie également pour tous les hommes par la loi mais cela ne veut pas dire que les hommes possèdent tous un bien de même valeur, on peut ne posséder que son corps)
Conclusion : Nous avons vu 2 parties de ce texte (qui correspondent aux 2 paragraphes). Dans la 1ère, Rousseau explique pourquoi les 1éres lois sont apparues dans la société et il souligne le lien entre les lois et la propriété. Dans la 2e partie, il explique que l’égalité des possessions dans l’état de nature est nécessairement rompue, idée que défend Hume, car il y a des différences dues aux hommes et aux circonstances. On voit que Rousseau parle de l’état de nature (état des hommes avant la création d’une société, idée de Locke, XVII), et que l’idée de travail est la source de toute propriété (Locke aussi). En conclusion, on peut dire que dans cet extrait, Rousseau montre l’origine de l’inégalité parmi les hommes et la nécessité de cette inégalité. Son point de vue est celui de la causalité c’est-à-dire d’une succession temporelle obligatoire.

lundi 13 mai 2019

Les Normes sociales dans Dom Juan

Les normes sociales dans ‘’Dom Juan‘’, de Molière :

Représenté pour la première fois en Mars 1665, la comédie de Molière «Don Juan ou le festin de pierre» est une pièce de théâtre en cinq actes, qui retrace les dernières heures de Don Juan Tenorio (personnage fictif) , un libertin ayant vécu au XVIIème siècle, s’opposant au contraintes et aux règles sociales, morales et religieuses, ayant au passage, la réputation de « coureur de jupon », de défier l’autorité de Dieu et d'éternel séducteur.
De ce fait, dans cet œuvre, il est question de transgression et de remise en question des différentes normes sociales en vigueur à l’époque, faites par Don Juan ; ainsi ces dernières seront dans un premier temps définis puis analysés ci-dessous :
Avant toute chose, qu’est ce qu’une norme sociale ?
La norme sociale est l’ensemble des règles de conduite qu’il convient de suivre au sein d’un groupe social, d’une communauté ethnique ou d’une société. Elle peut être formelle et écrite (lois, règlements) ou bien informelle et a pour but de garantir le bien vivre ensemble et la survie du groupe. Souvent inscrites dans l’inconscient collectif et implicites, les normes sociales informelles trouvent leurs origines dans les traditions, dans la morale mais aussi dans les habitudes. Elles sont la déclinaison des valeurs primordiales du groupe et régissent les comportements de l’individu, ce que l’on attend de lui dans telle ou telle situation, ce qu’il est permis ou interdit de faire
De ce fais, on peux voir que Dom Juan déroge à ces règles, ne suit que sa propre volonté et désirs, excluant toute considération moral, norme sociale, religieuse, de classe, familiale ou encore comportementale tout au long de la pièce.
Commençons ainsi par le non respect des normes religieuses :
En s’étant taillé la réputation de ne guère se soucier des réels sentiments d’amours que peuvent éprouver ses différentes «conquêtes», Dom Juan est au contraire réputé d’enchaîner les aventures avec différentes femmes, peu importe leurs rangs sociales ou place dans la société. Par exemple Sganarelle, son valet, faire preuve d’amplification de cet aspect quasi ridicule à plusieurs reprises : « il aurait encore épousé toi, son chien et son chat […] » ( Acte 1). Il use ainsi de bon nombre de stratagèmes pour arriver à ses fin, promettant au passage, le mariage en norme, à beaucoup de femmes pour assouvir ses désirs charnelles : exemple : « c’est un épouseur à toute main ». Au passage, Dom Juan ne tiens pas compte des normes religieuses : en effet, dans la religion chrétienne ( croyance dominante à l’époque de cette société) le mariage est une étape importante dans la vie d’un homme, elle lui permet nombreux avantages mais légitime aussi la fondation d’une famille, chose dont Dom Juan semble n’y accorder guère d’importance (mais aussi les sacrements ou plus malheureux encore, les enterrements).
Le non respect des normes familiales :
Dans ce cas de figure, Dom Juan ne manque pas d’occasions de contredire, de manquer de respect ou encore de ne pas écouter son père, Don Louis, venant lui faire la moral à plusieurs reprises dans l’espoir de raisonner ce dernier, qui s’entête dans l’indifférence la plus totale. Par exemple, dans le scène où son père venant lui faire la moral à son fils, Dom Juan balaya d’un revers de main ses propos et l’invita plus tôt à s’assoir. Il ne cache donc pas son mépris par une courte réplique, sous forme d’insolence extrême. D’ailleurs, une fois que son père eu quitté la pièce, Dom Juan ne s’empêcha pas de lâcher «  Eh mourrez le plutôt que vous le pouvez, c’est le mieux que vous puissiez faire ! », phrase qui témoigne de la méprise, presque haineuse qu’il éprouve envers son père, et dépourvu de toute marque d’affection ou de respect.
Le non respect des normes comportementales :
Dom Juan fait preuve à de multiples reprises de son ingratitude à l’égard des personnes envers qui, il est redevable : Dom Pierrot pour commencer, lui à sauver la vie mais ne le remercie à aucun moment, et projette même lui voler son épouse avant de le battre. De ce fait il apparaît comme un réel « électron libre » au sein de l’ordre des nobles, en outre passant toutes les règles et morales de bonnes conduites propres aux nobles : comme le débattent Dom Alonse et Dom Carlos dans l’acte III (scène 4), concernant le fait de remercier ou pas un homme qui vous a sauvé la vie mais vous à aussi fait une grave offense (scène durant laquelle Dom Juan ne plaça pas une seul mot, comme « extérieur » aux propos ou valeurs débattus dans cette conversation, il ne dis finalement à la fin de la scène que « je ne rien exigé de vous, et vous tiendrai ce que j’ai promis. » comme pour montrer qu’il n’a pas peur de se battre, et que les bonnes manières ne sont que futilités dans ce cas.)
La noblesse ainsi représenté par ces personnages (Dom Elvire, Louis, et Juan lui-même) est caractérisé dans l’idéal par des valeurs morals tel que le sens de l’honneur, l’honnêteté, la bravoure, le respect de la parole donné, le respect des femmes et de la religion… mais est constamment mise en danger (et remise en question) par Dom Juan, et ce fait est facilement illustré pas des exemples de situation très concrètes :
  • Il refuse la charité à un pauvre (scène de l’ermite : personne qui se consacre à l’adoration de dieu, parfois de médiation).
Il s'agit dans ce cas présent d'une forme de lutte morale : Dom Juan peut ainsi transgresser les valeurs sacrées, pour autant qu’il en à envie, mais il ne peut entraîner quiconque ayant de puissantes convictions morales comme Donne Elvire ou le Pauvre. Seul Sganarelle ou les paysannes, qui n'ont aucune conviction solide, se laissent appâter.
  • Il ne respecte ni les mariages ni les sacrements ni les défunts.
  • Il ne respecte pas la parole donné à Mr.Dimanche à qui il doit de l’argent ( mais aussi avec Dom Elvire)
  • Il ne respecte évidemment pas les femmes en les trompant, manipulant, et en leur mentant à de multiples reprises et ce à des fins personnes (désirs charnelles) ; d’autres part en portant secours Dom Carlos, il déclare que ses adversaires privilégiés ne sont pas des hommes armés mais bien des femmes.
De ce fait, Dom Juan ne s’arrête pas là : la hiérarchie sociale est elle aussi bafoué par celui-ci à plusieurs reprises dans la pièce où il déroge complètement aux convenances sociales et n’agit pas avec les autres en tant que noble. On peux très distinctement le voire dans une sorte de panorama sociale, où Dom Juan est exposé tout au long de la pièce à différente couche de la population (bourgeois, nobles, paysans…) où parfois il est mis en difficulté de part son caractère, face à ce qui semble être un affrontement de classe, mais qui est atténué de part la situation grotesque/comique des différentes scènes. Comme la scène avec les paysans : Dom Juan joue de son statut social de noble (appelé « Monsieur ») pour faire joué un rapport de force face à ces paysans. Autre exemple avec les bourgeois représentés par le marchand, Mr. Dimanche : ici son mépris est dissimulé par une certaine familiarité presque offensante. Ainsi Dom Juan, par son refus de toutes les règles de bienséance sociale, met en danger l'ordre social tout entier, dont il révèle l'hypocrisie et l'insupportable brutalité ; en faisant donc voler en éclats les apparences, il représente un danger pour sa propre classe. Plus complexe encore, les rapports avec son valets sont très flous : ce dernier, Sganarelle, agis le plus souvent comme son maître même s’il le condamne à de multiples reprises (exemple Acte II, scène 4). En réalité, en y prêtant attention, le valet est non seulement soumis de part les actes qu’il fais, qui lui sont dictés par son maître peu scrupuleux (comme envoyé répondre à la statue) et subit de ce fait ce rapport de force, mais montre aussi une certaine hypocrisie l’égard des autres en compagnie de son maître, allant parfois jusqu’à s’identifier à celui-ci en parlant à la première personne du pluriel « nous » de manière méprisante (exemple la scène avec Mr. Dimanche « de quoi s'avise t-il de venir Nous demander de l’argent ? ».
En conclusion, Dom Juan ne profite finalement de cet aspect d’«hypocrite» simplement pour arriver à ses fins et assouvir ses désirs. Avant donc d’être un coureur de jupons, il est un contestataire: il prend plaisir à montrer qu’il dédaigne des valeurs conservatrices : le père, la société et ses préjugés, la religion... En refusant ainsi tous les codes sociaux, Don Juan se retrouve par ailleurs dans une extrême solitude.

Tarek Amiri.